le problème de la case qui manque
Le problème de la case qui manque
Il me parait clair que nous nous sommes familiarisés avec un
mode de relations verbales en écoutant parler, et nous sommes habitués à
utiliser des articulations de mode ternaire avec trois personnes et trois
genres au singulier comme au pluriel. Ce n'est pas inhérent à une seule langue,
ni aux langues parlées car même le langage des signes qu'utilisent les sourds
possède cette articulation. C'est quand on sait utiliser ce mode de
communication qu'on en rencontre un autre qui a la prétention d'expliquer et
d'enseigner ce qu'on sait déjà comme d'apprendre à parler ou à lire et à écrire,
et on dispose alors d'outils suffisants pour comprendre que le mode de
communication qui substitue le discours au dialogue supprime la réponse et que
ceux qui emploient et imposent ce mode de communication suppriment un degré de
liberté et en sont eux-mêmes privés.
Ce serait donc alors qu'on utilise déjà
la communication humaine, qu'on découvre la communication animale, privée d'un
degré de liberté. On pourrait donc la comparer à celle qu'on utilise et dire à
un discoureur qu'il nous gêne en nous empêchant de parler entre nous.
Le
discoureur le sent bien et sait qu'il est obligé d'imposer sa loi pour faire
passer son discours. Il parait donc parfaitement clair pour tout le monde que le
discours, la vérité révélée, la religion et tout ce qui s'ensuit procèdent d'un
principe de domination qui tend à priver quelqu'un de l'exercice de ses
facultés, et que les gens qui acceptent de s'y plier entrent dans un jeu avec
gagnant et perdant. C'est effectivement ce qu'on constate, et on rencontre des
gens éminents parce que dominants, mais aussi d'autres qui s'en accomodent car
ils sont adeptes de la servitude volontaire. Les uns et les
autres sont prisonniers du même jeu et non les uns des autres comme le
montre la mode qui permet d'obéir sans que personne commande et le système de la
mode fonctionne dans un vaste champ, bien au delà des usages vestimentaires.
Pour faire pendant, il y a aussi des fantasmes de domination qui se manifestent
sans véritables dominés, mais seulement des figurants ou des figurations comme
les institutions ou même des simulacres d'institutions, comme la
franc-maçonnerie, la psychanalyse, les cafés-philos, etc... Des badernes servent
de présidents et des pîtres se trouvent des auditoires dans un système de
communication amputé de ses possibilités naturelles.
Et dans le cadre d'une
religion du plein emploi qui prétend faire travailler les bons à rien, tout cela
correspond à des emplois qui permettent de faire bouillir les marmites.
Or si tout repose sur une interdiction, il
suffit de lever l'interdiction pour que les gens récupèrent leurs facultés comme
il suffit d'enlever à un cheval ses oeillères pour qu'il y voie. Pour
tenir compte des habitudes et des problèmes d'adaptation, il suffirait
d'attendre une génération.
De plus cela parait compris et géré, mais plutôt
au niveau de l'état qu'au niveau de l'éducation nationale, comme s'il était plus
facile de décarcasser les Français de la France que la France de l'éducation
nationale, et de faire l'Europe que de réformer la France.
J'ai relevé dans
un journal une indication qui se rapporte à ce problème: la contribution des
fonds privés à l'enseignement supérieur représenterait 9% du coût total en
France, 25% en Espagne, 30% au Royaume Uni, 55% au Japon, 67% aux Etats-Unis.
Mais il n'y a pas à rechercher de proportionnalité. Il suffit d'une loi
antitrust pour inculper le Mammouth. Et une fois que le premier pas sera fait,
cela ira très vite, la furia francese aura vite fait d'accélerer le mouvement
pour en faire une révolution.
Seulement, pour faire le premier pas, il faut
faire sauter un verrou. Et dans le monde immatériel du verbe, le verrou c'est le
sacré et le sacré c'est l'excomunication.
Or l'expérience des cafés-philos
montre qu'après avoir démarré sur le problème de l'exclusion, puis s'être
transformés en nichées d'habitués qui ne souffraient plus d'exclusion, ils en
sont ramenés au jeu de l'excommunication. C'est probablement un passage obligé,
et je pense qu'il faut laisser la colère se déployer pour qu'elle donne le ton.
Ensuite, les choses se tassent et on choisit d'ériger en colère ce qui en vaut
la peine, mais on a cessé de parler sans rien dire et de spéculer sur la volonté
de gens qui ne l'expriment pas.
Vivement le temps des
altercations, plutôt que des manifestations stupides qui tapent du pied sur le
macadam avec banderoles et haut-parleurs! Pendant que j'écris, mes voeux
sont exaucés: le courrier m'apporte une invitation organisée pour les maires de
grandes villes sur la politique de mobilité des villes avec au programme du
Delanoé et du Sarkozy. Cela promet du bon sur les bandes jaunes et les bandes
jeunes, avec le problème des banquettes (qui sont un bout de trottoir sur la
chaussée) et des lincolns (qui sont un bout de chaussée sur le trottoir), qui
alimentent admirablement la mésentente entre les cyclistes, livreurs, taxis,
médecins, autobus, coursiers, piétons, motocyclistes, etc...et sur les banlieues
dont les bourgeois parlent comme de pays étrangers avec ce qui leur fait peur:
des jeunes