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4 novembre 2005

Photogénie

La Suisse et les chatons sont photogéniques, mais photogénique à ce point là est souvent considéré comme un défaut, le défaut de "faire carte postale". Je me suis longtemps demandé ce que pouvait bien vouloir dire cette expression, et comme je vais me trouver dans un séminaire probablement assis à côté de la fille des cartes postales Yvon, je vais essayer de lui poser la question. Mais pour éviter une réponse à la va vite, il faut que j'étale un peu la question. Un blog s'y prête, est-ce qu'il y convient ? Les convenances d'un blog ne sont pas encore bien établies, ni mal établies non plus, car un genre se définit souvent plus par ses inconvenances que par ses convenances, et le partage des lectorats entre goûts et dégoûts est encore un peu flottant dans ce domaine.
Pour sortir de la Suisse et des chatons, je pense à Hobbema et à Raphaël, autrement dit - à mes yeux - la bataille de la couleur et de la perspective, mais d'une perspective qui n'est pas celle d'Alberti ni de la boîte noire, en ce qu'elle est rondouillarde et prend en compte les aberrations sphériques de la photographie. Le dessin des premiers plans de Hobbema devient choquant dans les angles, et il les met dans l'ombre en éclairant ailleurs, tandis que Raphaël se débarrasse  du même problème en entortillant ses madones dans un cadre rond.
Le parti pris opposé sera Ruysdaël avec ses nuages et Le Caravage avec son clair-obscur qui vont les faire passer du joli au grandiose à tendance héroïque et tragique.
Mais la photo bouscule tout cela. Et à partir de son invention, les critiques d'art sont devenus des comiques quand ils essayent d'expliquer le cubisme ou l'art abstrait. L'évidence est que la photographie a pris au peintres leur bifteck. Un point. C'est tout. Et quand on n'a plus de bifteck, on devient végétarien, non pas par idéal, mais par force.
Reste que les photographes ont aussi quelquechose à prendre aux artistes et je trouve émouvants ces gens un peu perdus qui font des sites et qu'on rencontre sur les forums d'art. Ils voudraient être artistes en faisant de la photo, mais peut-être qu'ils sont plus artistes en faisant un site qu'en faisant de la photo. C'est en tous cas l'impression qu'ils me donnent. Une thématique parait s'en dégager, qui oscille un peu entre vivre en nomade et vivre en artiste, avec un mouvement qui s'amorce de la première vers la seconde pour prendre consistance dans une doctrine de "l'art refuge" proche de la poésie refuge d'Yves Bonnefoy et la philosophie d'Heidegger, en ce qu'il s'agit d'aimer les choses comme elles sont et de prendre la vie comme elle vient, ce qui correspond à ce qu'on avait appelé autrefois réalisme ou naturalisme.
Mais, une fois de plus, on sent que les notions ne prennent sens que dans des dyades et que le réalisme du temps de Courbet ou de Champfleury avaient pour partenaire (Flaubert) et adversaire (Zola), comme on joue avec un adversaire et contre un partenaire, en sorte que le Romantisme est sous jacent, comme partenaire-adversaire, tandis qu'avec le photographes, la dyade regarde les abstraits.

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Commentaires
P
la photo de l'art ? un vieux débat, et puis la photo quelle photo ? la publicitaire, la journalistique, celle que l'on fait pendant les mariages, les communions ou celle encore que l'on trouve accrochée aux cimaises, ou mieux celle qui se vend chez Sotheby's ou Chrities pour des sommes astronomiques. Et finalement qu'importe. Pourtant l s'en trouve de ceux là mêmes qui oscillent entre nomadisme et art, indépendants et solitaires, hors des modes, qui ont une vision des choses particulière, un soupçon littéraire par cette approche et cette façon qu'ils ont de percevoir les choses et les gens (j'aurai du mettre le contraire en commençant par les gens peut être) et de nous montrer ce que nous n'avions pas pris le temps de regarder).Et le vocabulaire visuel qu'ils emploient avec cet instrument barbare qui hache la vie en 125e de seconde qu'est l'appareil photographique. Certains l'on apprivoisé, nous sommes loin du pinceau et de ses déliés, de ses taches furtives et de ses traits, des pigments dont on apprend savamment les mélanges pour rendre les sentiments et les émotions, les crépuscules et les étés. Non, le photographe n'a pas un outils commode, il ressemble à son temps; péremptoire, agressif, immédiat. Certains pourtant en usent avec justesse et sensibilité. Il faudrait que je vous transmette des sites étonnants à ce propos.<br /> J'étais ravi de vous rencontrer au café du coin!Durrel...Vargas LLossa, je n'ai pas encore acheté les cathédrales.Bien à vous, cordialement<br /> Un photographe nomade. (les pires!)
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