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5 avril 2006

La crise

La très profonde révolution qui est en train de se produire est, comme toutes les révolutions, un jeu de masques. Le masque y tient le rôle que tient le ballon dans un jeu de ballon, les cartes dans un jeu de cartes, les pièces dans un jeu d'échecs : les masques se déplacent, et déplacer un masque c'est se démasquer et se remasquer, comme jouer au ballon c'est l'attraper et le perdre, jouer au cartes, prendre une carte dont la figure était cachée, la regarder, puis l'abattre en montrant sa figure à tout le monde, ou bien ramasser les masques ou les cartes ou les pièces d'échecs pour les retirer du jeu en faisant une levée ou en prenant une pièce.
Le masque grimaçant du président se chausse de lunettes, possible talisman, souvenir des affiches d'un jeune Chirac photographié sur les affiches en miroir avec des montures de lunettes pour faire sérieux, ce qui lui donnait l'air d'un employé de banque. Mais le masque ainsi mis en exergue perd sa magie et fait rire parce qu'il n'est plus un leurre. Dans un bal masqué, l'officialisation du masque supprime la révolution. La révolution, c'est la transformation du leurre en masque et du masque en leurre.
Quand, en France, on compare les mouvements actuels à Mai 68, on s'empresse aussitôt de signaler que c'est différent. Mais, ce faisant, on passe à côté de l'essentiel, et la CNM, par exemple, a raison de maintenir le parralèle, car l'essentiel, c'est qu'on ne comprend pas. Aussitôt qu'on ne comprend pas, on se met à expliquer et cette explication nouvelle est un nouveau masque, mais le moment important, celui qui produit la révolution n'est pas celui où l'on trouve un nouveau masque, mais celui où on le cherche. C'est le sentiment de ne pas comprendre qui fait la différence avec l'illusion.
Si vous écoutez les auditions à la commission parlementaire sur l'affaire d'Outreau, vous y rencontrez Mr Truche, un vieillard aux cheveux blancs qui raconte des histoires aux députés pour corriger leurs enfantillages. L'enfantillage consiste à croire que les débordements de la justice sont dus à un disfonctionnement ou à un manque de moyens. De toute évidence, plus on donnera de moyens, plus on produira de débordements, et cela est vrai dans tous les domaines. Quand Montaigne indique que mieux vaut tête bien faite que tête bien pleine, c'est du précepteur qu'il parle et non de l'élève, et Fouché donnait comme consigne aux policiers "Surtout, pas de zèle !" une consigne que le juge Burgaud aurait été bien avisé d'entendre. Ce qui fait défaut, ce ne sont pas les moyens, ce sont les fins.
Ce vieux Mr Truche raconte qu'au cours de sa carrière, il veillait à susciter une politique pénale dans le cadre de la  Cour d'Appel. A son époque, une politiique pénale était, par exemple, de pursuivre les chèques sans provision, comme aujourd'hui on poursuit l'inceste. Politiquement, la poursuite de l'inceste à la campagne est de nature à procurer de l'emploi aux services sociaux, et de réduire le chômage dans le pays minier. Mais avant d'en faire une politique, il faut réfléchir que les enfants n'ont pas vocation à devenir des justiciables, et qu'utiliser en eux l'esprit de chicane, suppose en eux une aptitude à la médisance et à la calomnie qui ne se développent et ne se façonnent qu'avec l'âge. Je pensais, à part moi, que  la poursuite de l'adultère serait plus adéquate à produire des enquètes subtiles, voire amusantes et à désinfecter la société de Mr Sarkozy. Mais la poursuite de l'adultére est une idée un peu vieillotte, que le théâtre des boulevards, et en particulier Georges Feydeau ont accaparée au détriment de l'administration judiciaire, tandis que la loi Gayssot permet une que shoah buiseness, très organisée, exploite fort bien, au point de proposer de copieux pourboires dans l'administration judiciaure à ceux qui les acceptent. C'est peut-être dommage, car le personnel social que l'abandon des poursutes pour inceste aurait libéré, aurait pu être orienté vers des travaux de couture couronnés de broderies et même de dentelles, par exemple pour développer l'exportation des dentelles de Calais vers l'Europe Centrale et la Russie, grâce au CPE.

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  • Croire comprendre est seulement avoir l'impression de reconnaitre quelque chose de déjà connu, tandis que déclarer ne pas comprendre indique qu'on a essayé de comprendre et mérite que j'explique.
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