L'art et la démagogie.
La métaphysique, c'est extrèmement beau, mais ce n'est pas physique. Si on veut la rendre physique, c'est cérémonieux, et beaucoup moins beau. Passer de l'un à l'autre ne va pas de soi.
Le 9 Juin 1311,en l'honneur se la Madone en majesté de Duccio, les afaires furent arrétées, les édifices fermés, ainsi que les boutiques, dit Hourticq, et il cite : "l'évèque ordonna une grande et dévote compagnie de prêtres et de frères, avec une solennelle procession accompagnée de neuf seigneurs et de tous les officiers de la commune et de tout le peuple, et successivement tous les plus dignes étaient après ledit tableau, avec les cierges allumés en main; et puis étaient derrière les femmes et les enfants avec grande dévotion et accompagnaient le dit tableau jusqu'au Dôme, faisant les processions autour du Campo, sonnant la cloche à toute volée, par dévotion de si noble tableau comme est celui-là... et tout le jour on se tint en oraison avec grandes aumônes, lesquelles se firent à de pauvres gens, priant Dieu et sa mère, laquelle est notre avocate, de nous défendre par son infinie miséricorde de toute adversité et de tout mal, et de nous gaarder des traitres et ennemis de Sienne."
Mais ce quatorze Juillet d'époque, utilise avec la Maesta un emblème aussi éloigné de l'art que la musique militaire est éloignée de la musique, et l'invention par Giotto de la bande dessinnée face à cette dénaturation populacière de la métaphysique produit le même effet que quand on siffle Marseillaise sur un terrain de sport.
Ou bien la "Maesta" renvoie àune expression pure de la métaphysique, comme l'Annonciation de Simone Martini, ou ben le lien ne fonctionne pas, et dans ce cas, on passera à la bande dessinnée, qu, après Giotto, évoluera vers toutes sortes d'autres scènes.
Mais c'est stupide et chiraquien que de vouloir faire retentir le frelaté. L'Annonciation de Simone Martini est une perfection absolue, tandis que la Maesta de Duccio n'en est qu'une extension démagogique, comme la Marseillaise.