Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
conversation
25 mai 2006

Du sacré au sérieux

Le lien social

Quand l'escroquerie judéo-chrétenne se met à foirer, le bigot ne vend plus de miracles, le juif ne vend plus de chapelets et Lourdes, privé de pélerins, tombe en déconfiture.
C'est ce qui s'est produit pour le projet de constitution européenne et c'est ce qui se produit pour la constitution française: le lien social ne tient plus et la bureaucratie qui reste, penaude, ne se fie plus qu'au plein emploi, comme le baron de Münchausen qui se tenait à son bras pour ne pas se noyer.
Car l'état n'embauche pas des gens payés par l'impôt comme en 1848 pour faire des terrassements, ni comme aux Etats-Unis avec la Tennessee Valley Authority. Il n'embauche même plus des fonctionnaires pour faire des paperasses dans des bureaux comme faisait Mr Jospin, ni des huissiers pour orner des escaliers comme le voulait Mr Juppé. Il se fie à un talisman qui produirait le plein emploi par magie: le CPE.
Mais les gens ne veulent pas plus du CPE qu'ils ne voulaient du projet de constitution européenne, tout aussi éthéré.
Cela n'est pas propre à la France. L'Allemagne nationale socialiste et la Russie soviétique ont été encombrées de bueaucraties penaudes quand le lien social a été privé de la croyance au miracle qui procurerait l'espace vital par la vertu militariste ou la croissance économique par la vertu planificatrice.
Quand les modèles perdent leur vertu, il faut  passer du sacré au sérieux, sinon c'est le ridicule..

Le ridicule.

Ne vendant plus de miracles, le bigot joue encore au pontife et bénit. Ne vendant plus de chapelets, le juif joue à Dreyfus et poursuit un corbeau métaphysique qui l'accuse d'un crime qu'il n'a pas commis. L'un et l'autre font des envieux: Ségolène a envie de remplacer Chirac car elle saurait bénir avec majesté, et peut-être même se retirer avec un geste de dégoût quand des footballers sifflent la Marseillaise. Fabius a envie de remplacer Sarkozy car il sait très bien jouer à Dreyfus et à l'époque du sang contaminé déclarait à l'assemblée nationale: "Je vous demande de m'accuser d'un crime que je n'ai pas commis".
Mais si le modèle judéo-chrétien ne marche plus, on peut aussi en copier un autre. Plus il sera utopique, plus il contiendra de magie qui peut se convertir en religion grâce à des petits trucs de mise en scène qui font une cérémonie médiatisée.
Pour l'instant ils misent tous sur une élection de chef d'état au suffrage universel.
Mais les gens savent que çà secrète de l'Hitler, du Bush et du Chirac. Ils savent que çà se cuisine avec des systèmes électoraux et même que çà se monte avec des campagnes médiatiques. Ils découvrent enfin qu'on peut truquer les comptages aux Etats-Unis et ne pas tenir compte du vote en Palestine. La magie du Dieu élu s'effrite.

Du sacré au sérieux

Si le plein emploi fait travailler les bons à rien, il fait aussi bouillir la marmite. Et si, quand le lien social est rompu, l'équation "être payé"='être utile" est fausse, on peut essayer de se rendre utile quand même en cessant d'obéir. Ainsi, pour parler de ce que j'ai vu, les policiers, qui, sur l'Esplanade des Invalides, regardaient les loubards rosser et détrousser les passants sans intervenir parce qu'ils avaient l'ordre de laisser faire, ils pourraient se rebeller pour faire leur métier. Et ce que j'ai vu là, d'autres l'ont vu ailleurs, car le même problème se rencontre un peu partout : il s'agit de passer du sacré au sérieux.
C'est trop tôt pour dire comment le problème se traite. Mais on peut commencer à voir comment il se pose. Il semble que les mauvaises habitudes soient, en général, plus lourdes que les mauvaises intentions, mais que les gens qui disposent d'un pouvoir ont du mal à renoncer à leurs disciples.
Dans un séminaire de psychanalystes que je suis depuis longtemps, arrivé en avance, j'avais écrit au tableau "Cordonnier mal chaussé commence par soi-même", et dans un de ces cafés-philo que j'observe depuis longtemps, quelqu'un avait proposé de débattre sur "Il n'y a pas de solutions, il n'y a que des problèmes", à quoi j'avais répondu par une autre proposition de débat: "clearstream".
C'est dans le premier cas que quelqu'un, à la sortie, m'a reproché de me moquer de l'ontologie, tandis que dans le second, celui qui se dit "animateur" m'a déclaré: "Si on choisit ton sujet, tu te débrouilles!". Passer du sacré au sérieux produit un certain effroi. C'est un temps mort. Si la réalité insiste, les gens y viennent, peu à peu.
Mais les zombies, enfermés dans leur tour d'ivoire, ne s'en aperçoivent pas.
On décèle facilement qu'il vaudrait mieux élire une assemblée constituante qu'un président. Mais cela ne s'est pas encore révèlé et n'est (peut-être) pas encore mûr. Je dis "peut-être", car ce travail est souterrain et son effet pourrait aussi se révéler brutalement.

Publicité
Publicité
Commentaires
conversation
  • Croire comprendre est seulement avoir l'impression de reconnaitre quelque chose de déjà connu, tandis que déclarer ne pas comprendre indique qu'on a essayé de comprendre et mérite que j'explique.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
7 abonnés
Archives
Publicité