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28 décembre 2007

la haine du genre humain

On raconte qu'en arrivant à New York en 1909, Freud disait à Jung ou à Férenczi "Ils ne savent pas que nous leur apportons la peste." C'est cette même peste dont parle Tacite à propos de l'incendie de Rome que la rumeur accusait Néron d'avoir allumé : "Néron voulut détruire cette rumeur : il inventa d'autres coupables et infligea les tortures les plus raffinées à ces hommes détestés pour leur crimes que le vulgaire appelait les Chrétiens. Le Christ, d'où ils tirent leur nom, avait été, sous le règne de Tibère, condamné au supplice par le gouverneur de la Judée, Pontieus Pilatus. Réprimée un instant, cette exécrable croyance avait pris un nouvel essor, non pas seulement en Judée, lieu d'origine de ce fléau, mais jusque dans Rome où tout ce que l'univers renferme d'horreurs et de turpitudes afflue et recrute des adeptes. On commença donc par se saisir de ceux qui pratiquaient ouvertement leur culte, et ensuite, sur leurs déclarations, on arrêta une foule énorme de gens qui furent convaincus moins d'avoir incendié Rome que de haïr le genre humain."
Certes, la religion chrétienne prêche l'amour du prochain. Certes, elle oppose le principe de l'amour à celui de la justce. Mais Jésus-Crhist ou le roi Salomon ne sont pas considérés pour ce qu'ils sont. Ils sont considérés comme des symboles, et le lien social qui donne son nom à la religion (religare) procède d'une relation indirecte, médiatisée. Ce lien peut être utilisé non pour s'ajouter à la relation directe, mais pour s'y substituer.
Quand on dénonce l'injustice du sacrifice d'un bouc émissaire, on ne fait pas forcément le rapprochement avec la glorification du héro. Certes, il est plus désagréable d'être pendu comme Sadddam Hussein qu'applaudi et honoré comme un champion, mais, si on fait abstraction de cette différence, le processus est le même. Les gens qui hurlent "On a gagné" ou qui se félicitent qu'en enfant ait réussi le concours d'une grande école sacrifient la personne réelle au symbole qu'ils lui demandent d'incarner, tout comme quand ils lynchent un bouc émissaire. Quand ils contrarient quelqu'un et prétendent le redresser "pour son bien", ce n'est pas de lui qu'il s'agit mais d'eux-mêmes.
Il n'y a aucun inconvénient à poursuivre des études, à condition que ce soit les doigts dans le nez et les mains dans les poches, mais celui qui tombe dans le piège de l'émulation et cherche la gloire est le jouet d'un délire collectif et la dupe du culte d'un idéal, c'est-à-dire d'une pensée sans penseur. Il n'accède à la raison qu'en se détachant de ce délire. Et s'il ne le détecte pas tout de suite, le jour où il comprendra, il tombera de son haut.
C'est plus facile dans le rôle du bouc émissaire que dans celui du héro parce que lorsque les gens vous insultent, ils comprennent qu'on proteste tandis que quand ils vous félicitent et vous font des compliiments, ils ne comprennent pas pourquoi on proteste en déclarant "Je ne suis pas celui que vous croyez".
C'est cette difficulté que signale l'appel au secours "Seigneur, préservez-moi de mes amis, mes ennemis, je m'en charge". Le piège est d'autant plus redoutable qu'on est plus assailli de ces faux amis en quète de considération médiatique, comme dans la pièce d'Oscar Wilde "Un mari idéal".

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  • Croire comprendre est seulement avoir l'impression de reconnaitre quelque chose de déjà connu, tandis que déclarer ne pas comprendre indique qu'on a essayé de comprendre et mérite que j'explique.
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