Ma voisine
C'est une dame volumineuse, et qui fait du volume. Il y a ses clés (qu'elle cherche), quelques parapluies (qui la prolongent,) et puis des sacs, parmi lesquels s'est probablement glissé le sac à malices qu'elle conjure à voix haute, car elle a l'air de craindre le châtiment.
"Ah, vous êtes mon voisin !" déclare-t-elle en cherchant ses clés, après avoir déposé ses sacs, en me voyant attendre dans le couloir que la voie devienne libre. Elle ajoute: "J'espère que je ne fais pas trop de bruit, au moins !"
Je médite une seconde: il ne faut pas lui dire que je ne l'entends pas car çà la vexerait. Je décide de lui répondre "Mais non Madame", surtout à cause du "Madame", et j'ajoute poliment, mais un ton plus bas: "Et moi non plus ?"
Le "Madame" est tombé juste car elle ne répond pas mais développe et déclare: : "Je lis, je m'affaire". Informé que j'ai en face de moi une dame affairrée et qui lit, je confirme en m'inclinant.
Elle entre, finalement, et je passe.
C'est une voisine parfaite. Elle ne se pose pas plus de questions sur moi que je ne m'en pose sur elle, sauf sur ce qu'elle lit: peut-être Gaboriau ? Si elle reste là quelques années,et que j'ai encore l'occasion de buter sur ses sacs , je tacherai de vérifier cette hypothèse.
Ceci est une concession exceptionnelle que je fais à l'usage commun d'un blog, juste pour bavarder. Je le fais une fois, pour voir.
Mais, tout de même, l'image qui illustre représente un livre que je recommande.