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conversation
30 mars 2008

trascendance et folie

Un débat dans un café-philo sur la transcendance montre clairement que pour les uns, le mot signiifie quelque chose et rien pour les autres à la manière des spectres ou des apparitions que les uns voient et les autres pas.

Il est bien plus fréquent que l'usage assouplisse la signification des mots en sorte qu'ils sont pris dans des sens différents par les uns et par les autres, et notamment dans la bouche de celui qui les emploie et dans l'oreille de celui qui les entend. Il semble que le mot transcendance échappe à cet usage. En cherchant un autre exemple de ce phénomène, curieusement, le premier exemple qui vient à l'esprit est celui des mots droite et gauche, aussi insignifiants l'un que l'autre, sauf topographiquement, en sorte que, si le contenu politique des notions de droite et de gauche n'est pas toujours clair, c'est parce que la volonté de faire voir l'opposition politique entre les uns et les autres l'emporte sur les modalités de sa manifestation.
Dans le cas de la transcendance, il n'est pas d'usage de mettre l'opposition sur le même pied et quand on lui oppose l'athéisme, par exemple, l'alpha privatif indique une soustraction: la notion de transcendance est supprimée. Pour rétablir l'équilibre, certains parlent de matérialisme et de spiritualisme, mais le terme de transcendance ne figure plus, et il n'est pas évident qu'on puisse identifier la transcendance avec le spiritualisme dans tous les cas.
C'est pourquoi, en cherchant ce qu'on pourrait mettre sur le même pied que la transcendance pour opposer une force à une force, c'est au mot folie que je pense. Au lieu de supprimer la chose, comme le matérialisme supprime l'esprit, le terme de folie la désigne en sorte que l'hallucination s'oppose à la vision et le délire au discours. La chose reste la même, car l'hallucination est bien une vision et le délire un discours, et une fois nommée, c'est sa qualification qui est différente, un peu comme entre la droite et la gauche, la chose reste la même - la politique - mais sa qualification est différente.
En mettant à l'épreuve cette idée, on remarque que les gens qui se réclament de la transcendance le manifestent souvent autrement que par des paroles, mais par le costume et par le comportement et s'isolent de la société, mais réciproquelment aussi, on isole les fous.
Reste que cet isolement n'est pas toujours naturel, mais conflictuel comme le montrent les guerres contre les infidèles ou l'anticléricalisme.
Mais la manière campée de mettre en place la problématique met face à face celui qui dit "Je suis inspiré" et celui qui répond: "Tu es fou."
C'est le schéma de la relation entre le psychiâtre et son malade, et de ses variantes avec le juge et le justiciable ou le psychanalyste et son patient

Mais l'hurluberlu qui avait posé le problème dans un café-philo ne le prenait pas ainsi. Le sujet qu'il avait posé s'énonçait "Sommes nous une société transcendante ?", ce qui, dans son esprit, voulait dire enthousiaste. Comme à son habitude, l'énoncé était biaisé. Il pensait à un enthousiasme collectif, un idéal commun qui emporterait l'adhésion unanime.
Le pendant qui le rejette qualifierait donc la chose de folie collective.
misopo3C'est ce à quoi s'était trouvé confronté l'empereur Julien. Julien n'aurait jamais voulu devenir empereur et ne l'est devenu qu'à son corps défendant par suite d'un concours de circonstances qui se produit rarement, car si la phrase d'Alain "Le pouvoir rend fou, le pouvoir absolu rend absolument fou", a une part de vérité, il est plus fréquent qu'une prédisposition à la folie attire les gens qui se prennent pour Napoléon à préférer l'Elysée, la Maison Blanche ou Bertchesgarden à une chambre à l'hôpital psychiatrique, et qu'ils y réussissent en entrainant avec eux des gens qui les suivent dans leur folie ou leur inspiration transcendante, en sorte que la séparation de l'église et de l'état reste toujours fragile. La distinction entre le bien public et la mission divine, entre l'autorité hiérarchique et la supériorité du génie est mal comprise, mais la position de gourou confère à celui qui l'occupe un pouvoir particulier d'exalter la tendance ou de la refréner.
C'est pourquoi je signale ici le Misopogon écrit par l'empereur Julien
http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/julien/misopogon.htm
ou
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Julien_apostat/julien_misopogon_fr.txt
comme un texte intéressant. Alanbiqué, il est par là même expressif de la difficulté qu'il y a à désacraliser la fonction d'empereur romain, mais aussi que c'est beaucoup plus par l'exemple qu'il donne que par l'autorité qu'il exerce que son influence se fait sentir. Et ceci est d'actualité.
La vérité de la trancendance serait peut-être que l'exemple transcende le discours, et que c'est quand l'exemple produit de la répulsion que le discours prend place. Il y a une coupure entre la chose et sa relation verbale ou discursive.

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