Déposition imaginaire
J'ai l'habitude de préparer une conférence que je vais écouter comme si je devais la prononcer parce que cela m'aide beaucoup à bien écouter en mettant en évidence ce qui s'écarte de ce que j'avais, sinon prévu, du moins imaginé.
Et, comme Mr Van Ruynbeke est cité comme témoin dans l'affaire clearsteram, j'ai imaginé une déposition.
Formellement, un conférencier est supposé informer un public ignorant et un témoin est censé informer un tribunal de faits dont il est le seul à avoir connaissance. Mais en réalité, l'intérêt que le public porte à ces évènements repose sur une curiosité qui suppose une amorce de préjugé à contrôler, à préciser, à réviser. Et ma déposition imaginaire ne fait que réunir des préjugés qui ne sont même pas de moi (sauf les fumigènes), mais des médias. Je pense que Mr Van Ruynbeke parlera de tout autre chose que ce que j'écris, mais ce procès est aussi un évènement médiatique, voulu par quelqu'un que nous connaissons surtout comme un homme de spectacle, cabotin de médias quand il se montre, et metteur en scène d'un spectacle de marionnettes quand il se cache, et on attend des coups de théâtre. Pensez aux procès des généraux Jouhaud et Salan par exemple.
"Sanctionner la dénonciation de méfaits au lieu de sanctionner les méfaits eux-mêmes, c'est la loi du milieu. Elle émerge quand les criminels ne cherchent plus à dissimuler leurs crimes, ni à punir eux-mêmes ceux qui les dénoncent, mais prétendent utiliser la justice pour les protéger et punir leurs dénonciateurs. A ce stade, il s'agissait d'acheter et de compromettre publiquement les juges d'instruction avant de pouvoir les supprimer.
Cette emprise qu'exercent les accusés sur les juges n'a pas été apprise aux Etats-Unis, mais directement inspirée par Georges Bush qui accusait sa future victime du crime qu'il allait lui-même commettre en employant des armes de destruction massive. La trahison de la Fance était le gage que Sarkozy apportait à George Bush pour l'assurer de sa soumission dans l'espoir qu'il l'aide à devenir un de ces proconsuls que l'administration Bush rêvait d'installer en Europe et au Moyen-Orient. Envoyé par l'état français pour réclamer aux Etats-Unis le paiement de la dette de l'Irak à la France, non seulement il n'en avait rien fait mais il avait offert aux américains une énorme rançon prélevée sur les français avec l'affaire Executive life. Il prenait manifestement Seyss-Inquart comme modèle.
Sa faiblesse était de ne rien connaître de la France et des français car il vivait comme dans une ile à Neuilly où les escrocs se regroupent et vivent entre eux et il ne pouvait prendre le pouvoir que par une élection médiatique. Même quand la clique de Bush a perdu le pouvoir aux États-Unis, il lui est resté fidèle, au point de se charger de le venger de l'humiliation publique que lui avait infligée Mr de Villepin à l'ONU à propos de la guerre d'Irak.
A toute époque et dans le passé comme aujourd'hui, l'élimination d'un tel individu est une opération politique de salut public. C'est un devoir absolu d'y contribuer pour quiconque le peut car Sarkozy ne peut pas se renier sans perdre son seul soutien, celui des racketteurs. Il l'a montré en France en utilisant l'argent des pauves pour enflouer les riches; il l'a montré à l'étranger en protégeant le crimes de Gaza. Au lieu d'envoyer quelques escadrilles avec des fumigènes pour mettre Tel Aviv dans la nuit, ce qui aurait suffi à arrêter l'opération sans produire d'effusion de sang et aurait pu être fait depuis l'Élysée, il a laissé les avions dans le hangars et s'est promené dans les capitales pour amuser la galerie et laisser faire les crimes.
C'est également amuser la galerie que d'utiliser le tarabiscot d'une dénonciation erronnée pour détourner l'attention de tout le reste. Je regrette de ne pas avoir mis Sarkozy en détention préventive. Une accusation, même erronnée l'aurait permis et cela aurait protégé une instruction qui aurait obligatoirement débouché sur de nombreux chefs d'accusation et nous n'en serions pas où nous en sommes."
Qu'est-ce que j'ai fait ?
J'ai réuni un certain nombre de propos pour les souder bout à bout en un ensemble cohérent. Ces propos ont été affirmés, répétés et diffusés par les médias, au jour le jour d'abord, puis reliés entre eux par petits groupes, et petit à petit ont pris un caractère significatif en renvoyant les uns aux autres, tandis que ce qui les entourait au jour le jour tombait dans l'oubli.
Est-ce le travail que fait le juge d'instruction ? Est-ce le travail que fait l'historien ? Est-ce le travail que fait chacun en écoutant le informations ou en lisant les journaux ? Il se pourrait qu'il y ait de tout à la fois et que tout s'agglutine par un processus opaque et mal contrôlé qui finit par donner aux gens l'impression d'avoir une histoire commune et, par là, de former une communauté.
On accepte de voir le choses ainsi dans le passé, c'est-à-dire à distance, et surtout à grande distance, pour parler de l'Iliade ou de la Bible, et cela indique une résistance à voir les choses ainsi dans le présent.
Cependant, ce que je sais de la façon la plus certaine, c'est que l'affaire clearsteam ou la guerre de Troie sont à la même distance pour moi, une distance infinie, celle de l'ouï-dire, et que je ne suis pas le seul dans ce cas.
En dehors de ce qui est mon expérience personnelle et que je peux repérer, surtout si j'en ai gardé des traces, tout ce qui se nomme vérité, réalité, science parait bien fabriqué de la même manière et ne diffère que par la composition de la communauté qui l'a élaboré.
Je vais voir comment les récits se confrontent, et ensuite je lirai comment Mr de Villepin a raconté l'aventure de 100jours.