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20 mars 2010

Le crime d'obéissance

Il consiste à faire ce qu'on vous dit de faire au lieu de ce qu'il faut faire.

Nous en sommes là et c'est une étape par laquelle il faut passer avant de qualifier la désuétude de l'état et d'examiner s'il faut le remplacer par autre chose ou pas.
La dictature est passée de l'état de symptôme à l'état de fléau. Je ne parle pas de la réalité, mais de la représentation qu'on s'en fait car ce qu'on appelle la réalité se compose d'une toute petite partie de connaissance expérimentale, si petite qu'elle est inconcevable autrement que comme partie d'un tout que l'on imagine.
La dissociation entre la politique et la démence personnelle du dictateur s'est précisée par l'affaire de l'identité nationale qu'on ne peut raccorder à la vie politique que par des artifices dont la fausseté est évidente, tandis qu'elle découle évidemment et directement de l'évolution de la mégalomanie agitée qui n'arrive plus à raccrocher son agitation à l'idée de réforme quand ce qu'on détruit en croyant réformer perd consistance et n'a donc plus d'identité. Quand ce qu'on veut faire plier se plie, on n'a plus de prise, on n'a plus rien dans la main.
De plus, cela correspond à une erreur complètement oubliée, donc dans laquelle on retombe. Cette erreur est la suivante. Quand la sévérité du traité de Versailles et de l'occupation française a provoqué en Allemagne la réaction hitlérienne, très peu de gens y croyaient. Léon Blum répétait toutes les semaines dans son article qu'il ne fallait pas s'inquiéter du troisième Reich parce que le régime n'était pas démocratique, donc tomberait, et le général Gamelin lui-même pensait que l'entrée en guerre de l'Allemagne produirait l'effondrement du régime. La part d'autosuggestion que cela manifeste passait inaperçue, car si "les gens bien informés" ne s'inquiétaient pas, c'était donc, pensait-on, qu'il n'y avait pas à s'inquiéter.
Ce raisonnement au deuxième degré joue toujours un peu. Le procureur Marin et Jean Pierre Ellkabach sont récemment sortis de la réserve qui fait de l'un un figurant dans un prétoire et de l'autre un accessoire d'émission pour prendre la place du titulaire, juge ou homme politique et tenir à la télévision des propos qui sont de son ressort. Les ministres à qui on donne des feuilles de route, les préfets, les recteurs, les procureurs généraux ont été remplacés et tous ces gens ne dirigent plus, mais commandent et sont commandés. Ils sont donc aveugles et agissent aveuglement comme agents d'exécution de la démence du dictateur. Cela les isole et dés lors qu'on commande au lieu de diriger, le grincement se place au niveau de l'obéissance. Et comme la mentalité catholique fait souvent de l'obéissance une vertu et que les moutons se réfèrent au bon pasteur, c'est là que çà chatouille et que se pose le problème habituel et bien connu qui a inspiré l'expulsion des jésuites ou des moines qui avaient fait vœu d'obéissance.
Mais une différence profonde empêche d'assimiler la dictature sarkozique à la dictature hitlérienne, au delà des différences apparentes et évidentes, c'est que le régime hitlérien était d'essence populaire: il s'en prenait aux juifs riches, puis aux pays conquis pour distribuer leurs biens au peuple allemand, alors que la dictature sarkozique est inspirée par la haine et le mépris du peuple français. Les relations entre les israéliens et les palestiniens ne sont pas les mêmes que les relations qu'il y avait entre les nazis et les allemands, et l'intellectualisation qui analyse en termes de démocratie néglige une différence que tout le monde sent et ignore son pouvoir moteur.

Le tour de vis qui succèdera inéluctablement à partir de lundi aux sourires contraints des élections, sera vengeur, méchant et hargneux. Il posera forcément le problème de l'obéissance et c'est au niveau où ce problème se posera que se placera le jeu.
De Gaulle, qui était médiatique en direct et par ses propres discours avait été surpris et débordé par Mai 68. Sarkozy est un orateur catastrophique mais il gouverne les journalistes et son gouvernement repose sur la tromperie et la terreur à la manière du gouvernement par les jésuites des mauvaises périodes de la monarchie d'ancien régime. Là où la tromperie ne marche pas parce que la réalité est visible et sensible, là où le commandement révolte la conscience qu'on a de ce qu'il faut faire, là où l'obéissance serait désastreuse et insupportable, là se produira la résistance et la surprise.

C'est seulement ensuite, quand la relation avec l'usager sera fréquemment et habituellement en contradiction avec la relation hiérarchique que cela devrait se retourner contre l'état et posera le problème de son utilité, et avant tout celui de l'élection d'un chef d'état au suffrage médiatique qui fait percer des Hitler, Bush et Sarkozy.

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  • Croire comprendre est seulement avoir l'impression de reconnaitre quelque chose de déjà connu, tandis que déclarer ne pas comprendre indique qu'on a essayé de comprendre et mérite que j'explique.
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