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conversation
21 octobre 2010

Un gène très gènant

A Paris, on cause, comme en mer, on flotte. Si on ne cause pas, on se noie.

Quand on examine ce que la philosophie appelle la question de l'origine, on découvre qu'elle cesse de se poser aussitôt qu'on s'aperçoit qu'elle est une construction de son propre esprit. Mais, si on ne pousse pas l'abstraction à ce degré, on remarque tous les jours une dérive qui s'étale d'autant plus qu'on discute plus. Par exemple, quand les journaux parlent de la réussite scolaire des immigrés, ils négligent toujours de s'interroger sur l'immigration qui permet de "frotter sa cervelle contre ycelle d'autruy", comme disait Montaigne, ou sur la différence qui préserve de la tendance à se fondre dans la masse pour passer inaperçu, et ils comparent entre elles les origines des immigrés. Tout en affirmant qu'il ne faut pas être raciste, ils s'enferment dans le piège de la tentation et de sa répression.

Ainsi la règle du jeu de la conversation est de s'entretenir sur la cause des évènements dont on parle, sans que personne s'avise que  fuir la réalité pour entrer dans le monde symbolique empêche de parler de ce qu'on connait et impose de mentir en causant pour accorder les faits aux causes.

Cette déformation monothéiste a pour mérite d'être facile à reconnaitre. Elle transforme l'interrogation "pourquoi ?" en "à cause de quoi ?". L'autre manière d'entendre la question, tournée vers le futur, reflèterait une mentalité plus dynamique et liée à l'action: "Pourquoi faites-vous cela ?" correspondrait à  "Pourquoi est-ce que je ferais ce que je vous vois faire ?"

Chaque fois qu'une conversation aborde un problème, on a le choix entre les deux orientations. Mais un filtrage est fait d'avance par les médias : ils laissent l'action aux autres, et se réservent la causalité.
Mais à quoi bon causer ? Réduire la compréhension d'un mouvement qui se développe à sa cause supposée rétrécit tellement le champ de l'observation qu'il en fait oublier que le développement et la conversation se confondent quand on s'indigne sans s'opposer, ce qui est symbolique et vain sauf si une élection lui donne de l'importance. Les médias, pour que leurs salades leur permettent de se vendre, rapportent tout à l'élection présidentielle.

On s'imagine que les gens se sont détachés de la religion et ne croient plus en Dieu Mais la cause de la cause est l'enseignement de la causalité, quelle que soit l'illustration qu'on lui affecte et le génôme remplit le même office que Dieu  Quand l'enseignement porte sur la langue, il permet d'échanger des informations, mais quand il tarnsmet des illustrations de la causalité, il forme des gens qui causent, qui causent, c'est tout ce qu'ils savent faire.

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Commentaires
C
Montaigne parlait des voyages, pas de l'immigration que nous connaissons actuellement.
conversation
  • Croire comprendre est seulement avoir l'impression de reconnaitre quelque chose de déjà connu, tandis que déclarer ne pas comprendre indique qu'on a essayé de comprendre et mérite que j'explique.
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