Le mariage de Roland (Hugo Légende des siècles)
L'épopée n'est plus dans nos usages. Dans le genre fantastique, qui en est peut-être l'héritier ou le résidu, en général, l'auteur nous montre ce qu'il a vu, et en même temps nous laisse entendre qu'il a des visions, sans nous entrainer franchement soit dans l'aventure, soit dans les confidences. C'est pourquoi j'accepte difficilement le fantastique de Théophile Gautier, et en lisant Hoffmann, il me faut un effort pour m'y mettre et surmonter l'impression que c'est démodé.
Mais pas du tout avec le mariage de Roland. C'est un bonheur parfait bien que l'invraisemblance soit poussée au dernier degré. Il n'y a pas un vers qui ne dise une énormité, et je me demande quelle est la magie qui produit un effet qui me permet de tout avaler sans aucun problème et de produire un effet qu'on aurait pu penser réservé à la seule musique. Je pense que la cohérence des signifiants est si parfaite qu'elle produit une sorte d'envol où l'on n'a pas besoin de reprendre pied