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6 septembre 2013

La peinture de genre

J'en ai souvent assez de cette manie qu'ont les français de passionner les débats en y mettant ce qu'ils appellent de la métaphysique, et qui n'est que de l'abstraction. Mariages, puis divorces; élections, puis procès faits aux élus, c'est toujours de la démesure et de l'exaltation. Même dans les arts, dits d'agrément, on s'insurgeait contre Courbet pour la vulgarité de ses sujets, la mousse montait, Manet provoquait, et l'impératrice Eugénie souffletait l'Olympia avec son éventail. Que de ridicule !

L'intrus 1660

C'est pourquoi je me plais à retrouver le calme, le bon sens et l'harmonie dans cette peinture hollandaise du siècle d'or, où l'on abordait la vie de tous les jours avec simplicité, la rendait goûteuse, après avoir tout de même éliminé les catholiques espagnols et fous. Je pense surtout à Peter de Hooch, mais il y en a pour tous les goûts, et dans la peinture de genre, Terborgh ou Metsu sont aussi de très grands peintres. Il ne sont plus, au XVIIème siècle, comme ces portraitistes de l'école flamande pour qui la peau et les os étaient les principaux moyens d'expression, de van Eyck à Jordaens et souvent Rubens. Maintenant, les vêtements, la coiffure, les gestes sont liés aux personnes et font partie intégrante du portrait. Pour Peter de Hooch, les maisons et les rues font aussi partie de la vie et de son âme. Car l'âme n'est jamais ce monstre métaphysique personnel, inexistant, imaginaire et absolu, qui après divers avatars, deviendra une sorte de furoncle où se cachectise la représentation idéale que les imbéciles se font d'eux-mêmes: le moi des facéties freudiques. Au contraire, l'âme est une atmosphère qui émane des scènes familières et aussi des logements et même des bâtiments extérieurs qui s'y associent. On ne construit ni le palais de Versailles, ni l'hôpital Pompidou, parce que l'humanisme baigne la vie.

* * *

Chaque pays a son histoire nationale et le nation se confond souvent avec son histoire. La Bible a montré le chemin en poussant au paroxysme l'autoglorification d'un peuple qui se prétend élu de Dieu, et à l'opposé, les historiens s'accordent à trouver que l'histoire de Belgique écrite par Pirenne, a un intérètt particulier. Je pense que c'est parce que la Belgique est un pays qui n'existe pas. Quoi qu'il en soit, j'y lis que: « C'est une règle constante, depuis la fin du Moyen-Age, que les arts plastiques ont toujours été, dans les Pays-Bas, incomparablement plus brillants que les lettres. On le remarque à l'époque bourguignonne comme ? l'époque de la Renaissance, et le XVIIème siècle n'a pas fait exception. Au contraire jamais le contraste n'a été plus éclatant. Dés que l'on se tourne vers Rubens, on ne voit plus que lui. C'est un éblouissement qui fait rentrer dans l'ombre tout de qui l'entoure.
Et pourtant, ajoute Pirenne, si violente qu'apparaisse tout d'abord leur opposition, il existe entre la littérature et l'art de cette époque un caractère commun. L'influence de l'Eglise les domine également. Ils sont intimement liés au triomphe de la Contre-Réforme et du catholicisme. »
J'observerais plutôt qu'à cette époque, les gens parlaient des patois qui variaient d'un canton à l'autre et, au delà, ne pouvaient se comprendre qu'en utilisant des images. C'est pourquoi la religion chrétienne y accorde une si grande place. C'est ce qu'il faut garder présent à l'esprit pour comprendre les fureurs iconoclastes, aussi bien que le symbolisme moral des tableaux peints aux Pays-Bas à cette οpoque. J'y ajouterais que c'est également nécessaire pour comprendre l'incroyable aventure de l'art qui s'est produite plus tard en France, quand la faille de la Réforme s'est dοplacée et transposée pour produire les explications les plus abracadabrantes d'un phénomène qui, aujourd'hui encore, est totalement incompris.
Rien n'est plus indigeste que l'enseignement. On l'inculque et il donne la nausée. Dans un premier temps on a arraché leur langue maternelle aux enfants pour leur infliger la langue française, et à la génération suivante, quand le français était devenu leur langue maternelle on la leur a arraché pour leur infliger la mathématique, qui transmet tout ce qu'elle signifie à la condition de ne rien signifier. L'ébouriffement qui en résulte suscite une révolte générale qui se canalise dans les formes permises, ce qui fait prospérer le commerce de la psychanalyse comme autrefois celui du prêt à intérêt., car il s'agit du même processus : toute tentative de légiferer produit de l'obéissance des uns et de la rebellion des autres. L'interdiction du prêt à intérêt avait fait prospérer l'usure, comme la répression de la rοvolte des adolescents a fait prospérer la psychanalyse.
Mais, de toutes les manières de légiférer, l'enseignement est de très loin la plus violente, la plus monstrueuse et la plus stupide car, en s'en prenant aux enfants, elle choisit le public le plus malléable et le plus vulnérable, et produit des ravages qui seraient impossibles sur tout autre public. La religion consiste à croire ce qui est enseigné, et aussitôt qu'elle devient un enseignement, la science cesse d'être une connaissance pour devenir une religion, ainsi qu'on l'observe quand les gens se déclarent scientifiques en attribuant à ce mot le sens d'une sorte de sainteté, d'adhésion à la vraie religion, en vertu d'une conception de la vérité qui ne procède pas de la raison, mais de l'unanimité, c'est à dire d'un grégarisme moutonnier : recherche d'un bon pasteur, remplacement de la gestion du futur par la révélation de l'avenir. L'abandon de pouvoir que révèle la croyance en un prétendu pouvoir politique, non seulement inexistant, mais impossible, a pris racine le jour où l'on a accepté de croire un enseignant, sans considérer qu'il ne répond pas de ce qu'il dit, mais transmet une leçon qu'on lui a fait apprendre.
Les grands sujets de la peinture, qu'ils soient historiques ou religieux, servaient à construire des images invérifiables, contrôlées par des autorités politiques ou religieuses, tandis que les sujets de la vie quotidienne permettent à l'observateur de comparer immédiatement ce que le tableau lui montre à ce que ses sens ont observé

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  • Croire comprendre est seulement avoir l'impression de reconnaitre quelque chose de déjà connu, tandis que déclarer ne pas comprendre indique qu'on a essayé de comprendre et mérite que j'explique.
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