les médias sont dans les choux
Y arriveront-ils ? J'en doute. Mais cela se fera, un jour, je le pense. On ne sait comment, et ne peut dire quand.
On ne peut pas secouer le code du travail sans secouer l'éducation nationale car la domestication et l'attelage vont de pair. Non seulement on ne peut supprimer l'un sans supprimer l'autre, mais on ne peut pas modifier progressivement, pas à pas. Il faut que çà pête. Car il y a deux modes de fonctionnement cohérents, la vie des hommes libres, liés entre eux par la parole, et celle des esclaves rangés dans des boîtes pour appliquer des méthodes dont on leur donne le modèle. Chez les hommes libres, l'initiative jaillit de mille sources vives et on se donne des coups de main. Chez les esclaves on s'applique et on gémit en croyant qu'on a été condamné à travailler en étant chassé du paradis.
Regardez sur internet comment s'échangent les coups de main aux Etats-Unis et déjà en Angleterre! Ecoutez ou lisez ensuite comment les médias parlent de l'occupation de la Sorbonne. Il y avait une fenêtre ouverte, disent-ils (cherchant la faute), et on est entré par là, comme s'il était difficile d'ouvrir une fenêtre en cassant un carreau. Ils figurent la Sorbonne pour un "haut-lieu" en confondant l'ascenseur avec le ciel, et ne disent pas qu'on ne passe par la Sorbonne que comme on passe par le métro, et que si on n'y apprend que le plan du métro, on passera toute sa vie à naviguer dans un souterrain en travaillant dans une fourmillière.
Je comprends donc que le recteur laisse occuper la Sorbonne par les sans-papiers et que le poète laisse envahir son gouvernement par un sans-gêne vulgaire et envieux, car ce n'est pas en infligeant la discipline qu'on transforme la vie craintive et pîteuse d'esclaves gémissants en une vie gaie d'hommes libres épanouis. C'est en laissant la liberté poindre, oser, s'essayer, s'assurer, se manifester et conquérir.
Evidemment, il faut redonner vie à l'imagination, donc favoriser l'intérêt pour les arts et les lettres, donc cesser de voir l'inconscient comme un clapotis freudique peuplé de démons lubriques, cesser de cantonner la vie païenne dans l'élixir de quelques sonnets abscons de Nerval, retrouver les dieux païens exilés comme Phiippe Séguin, et leur donner plein champ pour que leur vie s'étale, ainsi que le propose Banville:
http://www.mta.ca/faculty/arts-letters/frenspan/banville/exiles/01.html