la confiance en soi
Les expressions qu'on utilise couramment en France sont très
souvent désastreuses. Elles comportent une tromperie dans l'énoncé même. Il me
semble que cela vient de l'influence qu'ont eu les jésuites sur la société en
général et sur l'enseignement en particulier.
Le terme de confiance en soi
est un exemple type, mais il y en a d'autres, et, pour peu qu'on y prête
attention, on découvre vite qu'il y en a des familles d'expressions qui sont
construites sur la même manière de biaiser, telles qu'aimer les autres "comme
soi-même", etc...
L'observation la plus simple, la plus ordinaire montre que
ce qui manifeste ce qu'on appelle la confiance, c'est un outil. Je n'arrive pas
à faire quelque chose tout seul, mais si j'ai un outil approprié, j'y arriverai.
Cet outil, je peux le trouver ou l'inventer, et la confiance est cette
disposition d'esprit qui détourne l'attention d'un effort qui bute sur des
échecs pour chercher comment on pourra se tirer d'affaire au moyen d'un
outil.
Et aussitôt qu'on se met à chercher un outil, on cesse de chercher en
soi pour chercher dehors. Si on ne trouve pas l'outil qui convient, et qu'on
travaille à modifier un outil existant, ou à inventer un nouvel outil, la
persévérance témoigne d'une confiance encore plus grande. On ne cherche pas dans
sa boîte à outils, mais on cherche à inventer un outil. A ce moment-là, on peut
parler de confiance tout court, ou de confiance "en soi", ce qui ne veut pas
dire en sa propre personne, ni en soi-même, mais la confiance toute seule parce
qu'elle n'a pas encore d'objet défini.
Par contre, si on comprend la
confiance en soi comme confiance en sa propre personne on tombe dans un pathos
religieux avec culpabilité acceptée ou cambattue, pour dire que la confiance en
soi combattrait l'inculpation de soi.