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conversation
15 décembre 2005

interfaces dialogue

"Ce qu'on attaque en moi, c'est mon temps, et je l'aime", écrivait Victor Hugo en Novembre 1854. Comme aujourd'hui, l'élection d'un chef d'état au suffrage universel avait conduit progressivement mais inexorablement la société impériale à une déchéance par la domestication, une domestication d'autant plus abjecte et insupportable qu'on est plus près du centre qui l'impose. Comme, plus tard le général de Gaulle, Victor Hugo avait choisi l'exil, mais cet exil n'avait pas rompu le lien avec la société. Sans aller jusqu'à l'exil, Flaubert en Normandie, Georges Sand dans le Berry, avaient pris des distances avec Paris et progressivement la société du second empire s'était isolée de la société française tout en s'étourdissant avec des fêtes dans un rythme endiablé.
Depuis, la domestication a eu ses hauts et ses bas, et se rend particulièrement odieuse quand il devient difficile d'y échapper. Mais c'est toujours à partir d'un diagnostic exact qu'on peut s'en sortir, et ce diagnostic exact est celui que fait Hugo en précisant: "Ce qu'on attaque en moi, c'est mon temps, et je l'aime."

Il convient de le rappeler parce que la vie des français a généralement été fortement marquée par deux sortes d'interventions brutales, celle des enseignants et celle des psys. Le parti-pris de l'enseignement est de placer tout (ce dont on parle) à l'extérieur et le parti-pris des psys est de placer tout (ce dont on parle) à l'intérieur.
A l'intérieur ou à l'extérieur de quoi ? Pour donner un nom à cela, je dirai l'etre, l'être humain, si vous voulez. Cet être va être chahuté au cours de ces expériences qui, la première, en décrivant tout ce qui est en dehors de lui, le fait voir comme un ensemble vide, tandis que la seconde, en ramenant tout à lui, en fait un ensemble dévorant.
Après quoi, l'amour-propre cherchant en vain à se trouver un objet, les gens se croient affublés d'une sorte de furoncle immonde et souffrant, purulent et gémisssant, qu'ils appellent le moi, qui n'existe pas et n'arrive à se loger nulle part.
L'erreur a consisté à vouloir figurer dans l'espace ce qui relève du temps, comme font les topologies (de Freud, de Lacan). On croit faire comprendre en faisant voir, mais cela induit en erreur: "Ce qu'on attaque en moi, c'est mon temps, et je l'aime." Un point. C'est tout.

L'illusion individualiste consiste à attribuer aux autres personnes les contraintes que l'on subit et à rechercher l'autonomie pour s'en affranchir. "Nul n'est tenu à rester dan l'indivision" dit le code civil, et la psychanalyse fait une sagesse, voire un devoir de couper le cordon ombilical se révolter contre le père, et divorcer. Mais cette façon de personnaliser la dépendance fait perdre de vue que lorsqu'on "fait corps" avec un outil, on est dirigé par lui et que les réflexes excluent la réflexion. Et on communique avec les autres par l'intermédiaire d'un outil: la langue, tout à fait capable de vous imposer sa loi si on n'y prend garde, par exemple par l'entremise de la logique si on confond l'intransitivité avec l'absurdité. C'est comme çà que les gens arrivent à se mentir à eux-mêmes pour ne pas être mis en contradiction avec eux-mêmes.

Pour y remédier et éviter de faire corps avec un discours, je propose la considération ci-après, et ce que je propose est aussi erronné que ce que je critique.
Mais pas plus.

interfaces_dialogue2

Au lieu de dire qu'une personne A parle avec une personne B, je dis que A parle avec un outil: langue A et que B entend avec un outil: langue B. Il n'y a plus une interface à considérer, l'interface AB mais trois interfaces que je désigne : i1, i2 et i3

Une fois encore, il ne s'agit pas de choisir entre des descriptons différentes comme quand on dit que l'une est juste et l'autre fausse, mais de les conserver et de les garder présentes à l'esprit pour pouvoir essayer l'une après l'autre.

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  • Croire comprendre est seulement avoir l'impression de reconnaitre quelque chose de déjà connu, tandis que déclarer ne pas comprendre indique qu'on a essayé de comprendre et mérite que j'explique.
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