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4 janvier 2006

Pays

Je dis parfois qu'un français vaut un demi anglais, un demi allemand ou un demi italien mais quatre espagnols. Cette impression m'est familière et me revient souvent, et chaque fois qu'elle me revient, au lieu de me donner l'impression de me retrouver en pays commu, elle me donne l'impression contraire d'être en pays inconnu. Quoi? J'en suis encore que !a! Qu'ais-je bien pu faire de mes lectures et de ma culture pour en rester à cette impression sommaire et persistante qui a tout l'air d'un préjugé?
Hier, en lisant ce texte admirable de Barrès sur "Greco ou le secret de Tolède", une partie du plaisir que je prenais à lire le texte, à l'éditer dans un fichier word en l'illustrant, à en faire un objet familier, une partie de ce plaisir tenait moins à la découverte qu'à la confirmation de ce préjugé.
C'est la question des vivants et des morts, ou de la vie et de la mort que les uns placent à l'arret du coeur alors que d'autres, dont je suis, la placent entre la troisième et la quatrième dimension, entre la vie sociale et sa méconnaissance sous l'éteignoir de la religion.
Quand Boccace pose le problème dans le Décaméron, à propos de Cavalcanti, quand Rilke pose le problème dans une de ses premières nouvelles à propos des moines qui dorment dans des cercueils, quand Oscar Wilde pose le problème dans Un mari idéal, Boccace, Rilke et Wilde sont du côté de la vie. Ils se sont placés dans la vie, et quels que voient les avatars qu'ils rencontreront, ils resteront des êtres vivants envers et contre tout. Mais quand Le Greco peint l'enterrement du comte d'Orgaz, il se laisse prendre sous la chape. Il a connu le soleil de la Grèce, la paganisme de Venise, mais l'atmosphère mobide du catholicisme espagnol a eu raison de lui et lui a fait perdre le bon usage de la raison dont il fait un usage ratiociné, surveillé. Vélasquez et surtout Goya réagiront plus, mais cela restera de l'ordre de la réaction, pas du triomphe.
Mon impression globale, bébête et simpliste (je suis loin d'en être fier) reste liée à des franchissements, qui, pour être effectifs, ont besoin d'être accompagnés en entraînant, sinon la société elle-même, au moins des apparences suffisantes pour qu'on voie le mouvement se manifester.
En Angleterre, c'est par l'humour, le réalisme de la philosophie, l'esprit nautique, l'affirmation de la singularité. En Allemagne, c'est par l'espace, la cavalcade dans les grandes plaines, dont l'idée surgit au réveil, dés qu'on ouvre ses volets. En Italie, c'est par le sens du beau, si développé et affirmé qu'il permet l'indifférence au réel qu'on oublie quand on veut.
J'écrème, c'est sûr, et je sais bien que Sterne est riquiqui, que Burger est grotesque et que Raphaël est emmerdant, mais il est plus facile d'écrèmer chez les voisins que là où l'on vit. On peut faire sa synthèse personnelle, tandis que si je veux synthétiser la France, je n'écrème pas, j'écume et suis toujours ramené au système de la poubelle centrale, où on finit par mettre trop de gens qu'on broie, tandis qu'en Espagne avec tous ces grumeaux qui se transforment en couvents, c'est encore pîre.
Il faudrait peut-être que je m'intéresse à la Catalogne, cela doit être mieux que la Corse, car en fin de compte mon idée simplette est forcément fausse. Elle indique que je cherche mal.

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  • Croire comprendre est seulement avoir l'impression de reconnaitre quelque chose de déjà connu, tandis que déclarer ne pas comprendre indique qu'on a essayé de comprendre et mérite que j'explique.
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