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11 janvier 2006

"Alea jacta est" traduction libre: "Fini de jacter!

Un temps maussade, l'ennui d'un dimanche d'hiver, m'avaient fait aller au café-philo de la Roquette où une affluence inattendue, quelquechose dans l'atmosphère, m'ont donné l'impression que l'occasion était là. Je me suis décidé à l'instant même à annoncer que je lançais un "café-antiphilo" le samedi 28 Janvier à 16 heures 30 à l'Antinéa, 26 Avenue Mathurin Moreau, métro Colonel Fabien, autobus 26, 75, 45. Dans la foule, on entend mieux les signaux sonores que les paroles sensées et le passage de l'antiphilo à l'Antinéa s'effectue avec grâce sans perdre son kick. Le message est passé et Gilles, le poète, piqué d'enthousiasme m'a demandé de venir le lendemain le soutenir dans le monde des cafés littéraires. Quelquechose de l'ordre d'une attente, d'un secret espoir, s'était (peut-être) mis dans l'air. L'occasion est ce qu'il y a de plus fugitif. Il reste maintenant le plus difficile, mais le problème des réunions de café est simple.
L'entropie tire vers le mode binaire où la vie des groupes qui se réunissent dans les cafés s'enlise soit dans la philosophie en perdant le contact avec la réalité, soit dans la psychologie en perdant le contact avec la communauté. Dans les deux cas, celui qui parle n'écoute que lui-même. Des isolés s'agglutinent, forment des grumeaux, mais restent isolés. Ce sentiment de malaise suscite des "animateurs" qui essayent d'y remédier avec de petits moyens qui sont plutôt des ficelles.

Mais, dans ce cas, la négentropie, c'est l'objectivité, c'est-à-dire le glissement de l'attention, donc de l'être, vers une oeuvre, qui fait passer d'un seul coup celui qui produit cet effet et d'autres en même temps, du mode de pensée binaire au mode ternaire. On dit que l'électricité a passé, mais cela peut aussi être l'amorce d'une mutation si cet instant de secret espoir indique qu'un objet virtuel est mentalement constitué, qui pourra devenir d'abord un projet, c'est-à-dire une représentation, puis, si on s'attache à cette représentation deviendra une passion qui cherche comment se manifester et en trouve le moyen dans un travail qui la manifeste, puis devient une réalisation qui transforme l'objet virtuel en objet réel dont on peut parler sans effort parce qu'on le perçoit directement. Et à partir du moment où cette perception directe existe, l'objet céé devient le créateur d'une représentation de l'équipe qui l'a créé, vue comme un corps social qu'on appelle en droit une personne morale, mais qui peut aussi se dénaturer et se pervertir en perdant son énergie vitale pour faire l'objet d'une contemplation, voire d'une contemplation mystique en prenant la forme d'une institution. Alors, on est retombé sur le mode binaire où règne le Dieu Flemme: on ne travaille plus, on vous fait travailler, un peu, lentement, ou pas du tout, avant de retomber dans l'entropie et alors on ne fait plus rien, on fait de la présence, de la surveillance, le guet devient suspicieux et prémonitoire, des Cassandres prophétisent l'échec et préparent le sacrifice expiatoire, et pour s'exclure de l'échec annoncé, la déchéance collective se condense en calomnie et désigne le bouc émissaire.

Le passage à l'action est la plus belle chose que je connaisse au monde, mais il est périlleux. Celui qui passe à l'action aurait besoin d'être entouré, mais il est le plus souvent envié et guetté. Il se trouve seul, détaché d'un entourage craintif qui a peur d'être englouti avec lui dans un échec dont il prend le risque pour tous. Cela l'incite à copier un modèle, croyant ainsi limiter les riques. Mais le champ des possibles est immense, et pour réussir il a moins besoin d'un modèle que d'un coup de main.

Que les cafés-philos attirent et réunissent les bons à rien, c'est l'évidence. Mais le phénomène a pris une telle ampleur en conservant un caractère anarchique qu'il ne peut se réduire à cette seule analyse.
Dés le début j'avais pensé qu'il y avait quelque connexion mentale entre l'anarchie philosophique dominée par le souvenir du marxisme et l'anarchie limonadière dominée par le souvenir de l'Auvergne et qu'une démarche connectée devait être envisagée.

Cette idée n'a pas été complètement écartée. Marc Sautet avait pensé à associer Pascal Ranger, le patron du café des Phares, mais celui-ci regardait du côté des frères Costes et  Marc Sautet regardait du côté de Gilles Deleuze. Non seulement ce sont des orientations divergentes, mais ce sont aussi des références envahissantes mais invertébrées où l'exemple de la conquète réussie valorise le mariage d'affaires pour l'un, la télévision pour l'autre, en faisant de l'un ou de l'autre une sorte de talisman.
Je n'avais rien à faire au milieu de cette fantasmagorie, sauf observer et expérimenter pour comprendre.

Le premier qui passe à l'action, ce n'est pas moi, c'est Jean Sury qui quitte le condition de garçon de café pour reprendre à son compte l'Antinéa avec du courage et des dettes. Mais à la suite de cette initiative, je peux (peut-être) remplir sa salle en y attirrant des gens par une réunion.

Pour la suite, on verra le samedi 28.

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Commentaires
R
Pour Marc Sautet, je maintiens, non pas qu'il était du côté de Deleuze, mais qui'l regardait du côté de Deleuze en ce qu'il visait non pas à mettre des normaliens en coquille comme faisait Althusser, mais à faire, avec le café des Phares une expérience de philosophie populaire, comme faisait Deleuze.<br /> On peut maintenant l'écouter sur internet, ce Deleuze. Je n'ai pas tout écouté mais pour ce que j'ai entendu, je le trouve insupportable. Qu'en penses-tu?<br /> <br /> Quant à moi, si je n'ai pas nommé mon café de façon positive, c'est parce qu'il n'existe pas encore de façon déterminée, même dans ma tête. La seule idée formée que j'avais en tête était de remplir la salle de l'Antinéa pour rendre service si l'occasion s'en présentait, et, en un éclair, j'ai senti que l'occasion était là, cette occasion dont le proverbe dit qu'elle n'a qu'un cheveu sur la tête qu'il faut saisir au passage.<br /> Le 28, je serai dans le même état d'esprit. J'aurai probablement 3 ou 5 scénarios possibles en tête (et probablement 5 plutôt que 3), pour essayer de m'adapter à une situation que je ne connais pas d'avance. On me demande combien il y aura de personnes, et je réponds minimum 10, maximum 50, mais déjà je m'avance beaucoup. On me demande s'ils resteront diner et je ne peux même pas faire une prévison quelconque. Dans des flots aussi mouvants que les cafés-philos, une vague de fond imprévisible peut produire aussi bien un boycott qu'une affluence de curiosité. Il suffit qu'on se donne le mot, que le temps change, qu'une autre possibilité oblige à choisir.<br /> Je dirai ce que c'est quand ce sera.
C
Si la philo c'est la perte de contact avec la réalité, pourquoi ne pas appeler ce café antiphilo café réaliste, voire surréaliste ?<br /> <br /> Sautet du côté de Deleuze ? Non, plutôt de celui d'Althusser !
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  • Croire comprendre est seulement avoir l'impression de reconnaitre quelque chose de déjà connu, tandis que déclarer ne pas comprendre indique qu'on a essayé de comprendre et mérite que j'explique.
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