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28 février 2006

L'étonnement est la seule certitude

Si on a l'impression que l'administration des Etats-Unis a choisi Sarkozy pour lui servir de proconsul, on ne sait rien des dispositions qu'elle compte prendre pour assurer sa nomination. Par contre on peut deviner que sa fonction serait celle de tous les proconsuls: d'abord de faire payer le tribut et ensuite d'éviter les révoltes, ce qui, dans le cas présent serait avant tout d'affaiblir l'Europe.
Cette ligne de conduite prime sur le choix de l'exécutant qui s'est porté candidat avant d'être choisi et qui peut à tout moment être remplacé par un autre candidat.
Mais les méthodes anglo-saxonnes n'ont pas grand chose de commun avec celles que les Français connaissent et la différence de mentalité s'ajoute à la différence de position. De colonisateurs, ils deviennent colonisés, mais en même temps la colonisation n'est pas la même chose. La difficulté à y voir clair est telle qu'elle risque de l'emporter sur toute autre chose. C'est toujours l'histoire que raconte Auguste Detoeuf dans Barenton:

Cent mille francs, dit le Français, cette maison. Elle est bien située, confortable et vaste; et il y a un joli parc.
- No! dit l'Anglais,soixante mille.
- Vous oubliez, dit le Français, qu'il y a un garage. On a vendu ces jours-ci cent-vongt mille francs une maison beaucoup moins agréable, et à cinq kilomètres de là. Cent mille francs est un prix modéré.
- No! dit l'Anglais.
- Je vois, dit le Français, que ce sont les toitures qui vous inquiètent: ily a de petites réparations à faire; mais elles n'iront pas bien loin. Mettons, si vous voulez,quatre-vingt-dix mille.
- No! dit l'Anglais.
- Je ne comprends pas vos objections, dit le Français. Si c'est le manque de vue qui vous frappe, personne n'y peut rien. Mais on se lasse rapidement de la vue. Mieux vaut une maison bien chauffée,claire et spacieuse, sans grande vue, qu'une bicoque avec un beau panorama. Ecoutez, jepréfère vous indiquer tout de suite mon dernier prix:ce sera quatre-vingt mille, pas un sou de moins.
- No! dit l'Anglais.
- Mais j'ai acheté cette maison cent mille francs et il y a moins d'un an, et j'y ai dépensé quinze mille francs pour le chauffage. Le prix que je vous offre est déjà déraisonnable. Vous savez que j'ai besoin de liquidités, il serait cruel de votre part d'insister pour un prix plus bas. Je vais appel au gentleman.
Silence.
Le Français reprend:
"Il n'y a pas de servitude sur cette maison. Elle a appartenu à Corot. La rivière qui passe au fond du jardin est étonamment poissonneuse. Le climat est excellent pour les enfants. Votre femme m'a dit qu'elle trouvait la demeure charmante. C'est un véritable manoir. Allons, soixante-dix mille.
- No! dit l'Anglais.
- Eh bien! adieu, dit le Français. Vous manquez une occasion splendide. Je vous aurais cru plus homme d'affaires. Vous exploitez un malheureux; je vous aurais cru plus sensible. Vous n'avez en somme rien à dire à tous les arguments que je vous ai donnés: cela ressemble à de la stupidité. Soixante-dix mille?
- No! dit l'Anglais."
Le Français rassemble ses papiers avec soin,selève lentement, va vers la porte, l'ouvre, s'arrête un instant et dit: "Eh bien! soixante mille."
- Yes, dit l'Anglais."

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  • Croire comprendre est seulement avoir l'impression de reconnaitre quelque chose de déjà connu, tandis que déclarer ne pas comprendre indique qu'on a essayé de comprendre et mérite que j'explique.
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