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31 mars 2006

Société civile

La société civile et la société politique se reflètent l'une dans l'autre, mais sont distinctes.
Les problèmes que posent les jeunes, que posent les affaires d'Outreau, que pose le CPE, que pose l'Islam,  sont d'abord des problèmes de société civile.
Les problèmes que pose la dette pubique, l'impérialisme américain, les institutions politiques, sont des problèmes d'une autre nature. Et enfin, il y a une troisième catégorie de problèmes, ceux que posent les rapports entre la société civile et la société politique tels que les élections, l'enseignement, le droit du travail, la responsabilité pour risque et les assurances.
Il faut traiter ces trois problèmes distinctement, et d'abord se poser la question de savoir par quoi il faut commencer, c'est-à-dire de faire un diagnostic.

D'emblée, avant d'aborder ces trois problèmes, il faut choisir une façon de raisonner. Ou bien on a d'abord en tête de traiter un problème d'identité, ou bien un problème de voisinage. Dans le premier cas, on va creuser pour trouver des origines, une nature humaine, ou bien une histoire commune. Dans le second cas, on s'intéresse à la surface des relations, mais en étant très attentif à leurs modalités.

Creuser pour être profond, chercher des causes, remonter à l'origine, c'est peu ou prou se référer à du droit divin et se dispenser de constituer une vie de société. Au contraire, à l'Assemblée Constituante, il y avait 240 avocats, et au commencement des séances, on votait, sans bruit, jusqu'à 90 décrets préparés par 5 avocats ou hommes d'affaires, sans même que la noblesse et le clergé se doutent du grand bouleversement tranquille qui a mis en place les règles de vie d'une société civile, d'où il ressort 300 volumes d'actes du corps législatif méprisés par les historiens car ces 300 volumes ont été lus et coupés par Bardoux dans les années 1870 (cf journal Goncourt  28 Décembre 1875), puis le code civil qui est tellement à cheval sur les relations de voisinage qu'il n'en finit pas avec les murs mitoyens. Ainsi, la société civile s'est fabriquée sur les relations de voisinage, tandis que la laïcité, ou d'autres thèmes oratoires, qui ont retenu les historiens, étaient bien incapables de fonder quoi que ce soit d'autre que des bulles.

Quand j'imagine que l'on remplacerait l'élection présidentielle par l'élection d'une assemblée constituante où tous les élus en place seraient inéligibles, je sais que je rêve, mais cela signifie seulement que je ne sais pas comment convaincre.
Mais si je pense que la commission parlementaire pour l'affaire d'Outreau a une exceptionnelle importance, c'est parce qu'elle met en évidence la nécessité de considérer l'organisation de la société civile comme une priorité et d'en faire un soubassement. Cela vaut aussi bien pour la société civile des habitants de la cité du Renard à Outreau que pour la société civile socialo-pénale des gens qui travaillent ensemble dans les commissariats, les services sociaux, les palais de justice et les prisons.

Cela vaut aussi pour les policiers qui laissaient détrousser les gens sur l'Esplanade des Invalides sans intervenir pour respecter des consignes de basse politicarderie, ou bien le refus d'intervenir quand on les appelle, sous le même prétexte, comme à l' EHESS qui n'a été éavcuée par la police que le vendredi matin, après que les casseurs aient détruit les ordinateurs et même cassé les portes, ainsi que l'indique le communiqué désespéré envoyé par la Présidence :

22 mars 2006, 21 heures

Mercredi 22 mars, à 19h, le bâtiment de l'Ecole des hautes études en sciences sociales du 105 boulevard Raspail occupé depuis le lundi 20 mars à 20h a dû être abandonné par la direction accompagnée d'une
vingtaine d'enseignants-chercheurs, qui, pendant 48 heures, ont tenté de maintenir la légitimité de l'institution et le lien avec les occupants.

Dès lundi soir, il a fallu prendre acte du fait que la réunion des étudiants qui s'était tenue dans les lieux avait été débordée par l'intrusion d'un groupe d'une trentaine de personnes, extérieures à l'établissement, déterminées et organisées. Craignant pour la sécurité des personnes et des matériels, la Présidente a demandé l'intervention de la force publique. En dépit de la gravité des dégradations constatées dès la première nuit et de la réitération insistante de cette requête, aucune intervention n'a eu lieu. Pour faire face à l'urgence, un nombre très important d'enseignants-chercheurs, de chercheurs et de personnels s'est mobilisé sur place jusqu'à mercredi en fin d'après-midi. Nulle intervention des forces de l'ordre n'ayant été autorisée jusqu'à ce moment et la seule proposition de la Préfecture de Police consistant en une «installation dans la durée» en organisant une permanence nocturne de quatre enseignants-chercheurs ans des conditions de sécurité devenues intenables, la Présidente a dû prendre la décision de quitter le site, en abandonnant celui-ci à la merci des occupants. Cette décision a été approuvée par l'ensemble des enseignants-chercheurs présents et suivie la mort dans l'âme.

Les chercheurs, enseignants, personnels et étudiants de l'Ecole des hautes études en sciences sociales se réservent de faire connaître largement l'analyse qu'ils font de cet épisode lamentable, et s'engagent par ailleurs à tout mettre en œuvre pour rétablir dans les meilleurs délais l'usage normal de leur outil de travail.

Danièle Hervieu-Léger

La combinaison d'une politicarderie abjecte et d'une médiatisation suspecte pose un problème civil et non un problème politique, parce que la démocratie transformée en religion s'est ensuite transformée en hypcrisie comme la religion catholique au 18ème siècle, et cela impose de quitter le terrain des principes  et de l'identité pour régler les relations de voisinage dans une perspective tout à fait profane, pratique et pragmatique.

C'est en quoi le travail de la commission parlementaire sur l'affaire d'Outreau indique la voie du sérieux.

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  • Croire comprendre est seulement avoir l'impression de reconnaitre quelque chose de déjà connu, tandis que déclarer ne pas comprendre indique qu'on a essayé de comprendre et mérite que j'explique.
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