Le point de vue

Quand, à partir d'un point de vue, on ne voit qu'un objet, si on s'écarte et prend un autre point de vue, on distingue deux objets dont l'un cachait l'autre. Ainsi, on peut à son gré, se placer à tel endroit pour qu'un objet masque l'autre, ou, au contraire, se déplacer pour voir les deux.
Si on veut réussir un examen, il ne faut pas croire qu'on est examiné ou jugé. Dans ce cas, on a déjà perdu d'avance et ce n'est même pas la peine de se présenter car celui qui se déclare examinateur a déjà pris sur vous l'avantage de la victoire et ensuite il va exploiter cette victoire en vous recalant, puis en vous faisant redoubler, et finalement vous réduire en esclavage.
Si, au contraire, on joue avec et contre un adversaire, comme au tennis ou aux échecs, l'examinateur n'est pas l'arbitre; il a seulement l'avantage du service ou de l'ouverture Ensuite, quand la partie est engagée, celui qui trouve les points faibles de l'autre gagne. Pour gagner, il faut donc trouver les points faibles de l'examinateur et les exploiter.
Je répète cela parce que le préalable à toute conversation est de savoir de qui on parle, et que pour pouvoir répondre, il faut savoir de quoi il est question.
Et si on veut se faire agréer par un tyran qui veut un esclave docile, ce n'est pas à moi qu'il faut demandercomment s'y prendre, mais à lui-meme. Je ne peux pas répondre à sa place car je n'ai pas le même point de vue que lui.

On pourrait objecter qu'on peut aussi convaincre quelqu'un de changer d'attitude et de passer d'une attitude soumise et respectueuse à une attitude ludique et égalitaire. Je ne le crois pas, et je crois que quand on essaye cela, on discréditeà ses yeux le personnage auquel il se soumettait respectueusement et que le disciple en quète d'un maître va en chercher un autre. C'est ce que montre la psychanalyse avec ses théories du père ou du nom du père, clés d'un jeu qui consiste principalement à substituer une autorité à une autre. Dans le cadre de ce jeu, la libération qui délivre d'un maître ne donne pas de liberté réelle. La liberté réelle n'est jamais accordée, elle est toujours conquise, et si, pour la conquérir, on a besoin d'alliés, ces alliés ne sont pas des maîtres. Quand, par exemple dans une entreprise, on cherche des alliés entreprenants  pour travailler en équipe, on évite de choisir les gens qui cherchent un emploi parce qu'ils ont besoin d'un maître et qui cherchent un bon maître, c'est-à-dire un maître qui soit bon pour eux. On cherche des hommes libres qui exercent le pouvoir dont ils disposent et dont la liberté n'est limitée que par un pacte négocié et librement consenti, dont les dispositions sont strictement circonscrites à un objet précis.

Si au contraire un psychanalyste cherche des clients qui veulent changer de maître, il va jouer sur le nom du père et il va qualifier de pervers, voire de canailles  les gens qui n'entrent pas dans son jeu.

C'est pourquoi la sélection qui se fit à l'embauche est psycholgique comme la sélection du conjoint dans le mariage, et pour en revenir à ce que je disais au début, je conclurai que la vision détermine le point de vue à partir d'une mise en perspective structurée soit sur un mode hiérarchique, soit sur un mode exploratoire et itératif qui procède par triangulation.