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8 janvier 2007

La fin des bourgeois et des parisiens

1 - La fin
Je ne me souviens d'un récit jour par jour et heure par heure de la chute de Charles 10 vu de la Cour, C'était saisissant de fatalisme et d'inconscience. J'ai l'impression que les bourgeois et les parisiens baignent dans la même atmosphère et que la perspective des élections fait planer sur eux une date fatidique qui mettra peut-être un terme à leur ère.
L'évanescence est progressive. D'abord, ils n'ont plus de futur, et puis ils n'ont plus de présent ni de présence, et puis on ne les voit plus, ils sont disparus. L'anachronisme les a emportés. Après leur disparition, non seulement ils ne manquent pas, mais on se demande comment ils ont bien pu exister.
C'est d'une existence artificielle qui ne repose aujourd'hui que sur l'éducation nationale où les enfants qu'on voue à l'esclavage sont poussés à étudier la mathématique ou l'informatique plutôt que les tragédies de Corneille, les comédies de Molière ou les romans de Balzac. Ils perdent ainsi la faculté de juger et de connaître et, devenus des niais, ils sont disponibles pour une "formation", qui permettra de les employer pour donner un coup de main en attendant qu'on trouve un moyen de les remplacer. En s'attachant aux explications qu'on leur a fait apprendre, ils ont renversé l'ordre observation-compréhension  et ne sont plus curieux de connaître le réalité pour elle-même mais seulement pour trouver un emploi où ils pourront appliquer la méthde qu'on leur a fait apprendre. Ainsi, ils ne forment pas entre eux une société vivante, mais se rattachent à la sociétéar l'intermédiaire d'un emploi adapté à leur formation, comme autrefois les animaux de trait.
Tant qu'une course folle enchaine la domestication, l'emploi, et une politique de plein emploi, le problème n'est pas posé, et si on demande aux bourgeois et aux parisiens pourqui cette course folle, ils répondront que les jeunes au chômage font brûler les voitures, de même que sous l'ancien régime, l'argument du maintien des ordres était le maintien de l'ordre. C'est un peu court.

L'harmonie sociale obéit à des lois inconnues ou méconnues.. Rarement  un petit aperçu permet de les entrevoir. C'est un peu par hasard qu'on s'est aperçu un jour que les élections apportaient des connaissances précieuses, et que pour donner aux gens ce qu'ils voulaient, plutôt que d'essayer de penser à leur place, il fallait d'abord le leur demander. Mais l'enseignement s'est empressé de colmater cette ouverture. Comme par hasard, et en tous cas par surprise une petite secousse en Mai 68 a révélé que l'education nationale était un corps mort et morbide. Mais on constate d'abord des disfonctionnements; des années plus tard, on constate que l'institution est incorrigble, et des années plus tard, on la supprime quand le système D s'est installé partout et que l'institution ne sert plus à rien.
Les bourgeois et les parisiens ont peur des gens, ils ont peur des jeunes, ils ont peur de tout, ils vivent dans la peur, et leurs réactions sont des réflexes de peur. Comme le baron de Münchaussen qui se tenait à ses vêtements pour ne pas se noyer, ils cherchent à souder le capitalisme d'ici à celui d'ailleurs, et en se tournant vers les gens qui sont ailleurs au lieu de se tourner vers les gens qui sont ici, ils s'isolent, mais ne le voient qu'en partie, car ils ne voient que ce qu'ils regardent. Ils regardent les Etats-Unis et peuvent parler du parapluie américain, mais ils ne voient pas que le parapluie qui les protège encore est celui de l'hypocrisie. Il se perce, se déchire, part en lambeaux, mais les protège encore, car les médias rafistolent, recousent, recollent.
Mais ils sont désuets et seront renversés par les jeunes et par les immigrés, et surtout par les jeunes immigrés. L'idée de traiter les jeunes turbulents à l'éducation nationale alors que l'éducation nationale est le foyer même de la gangrène, n'est qu'un acte de désespoir. Les rapports de la Cour des Comptes sur l'Univiersité et la Recherche montrent bien que la forme de ce désespoir est le "Sauve qui peut".

2 - La suite
Deux modes de vie en société se sont toujours séparés. Dans l'un, la vie de société est fondée sur des pactes et utilise le dialogue et la complémentarité pour une entr'aide sur le même mode que l'association de l'aveugle et du paralytique, comme souvent la vie de famille. L'enseignement collectif correspond à l'autre mode de vie régi par des lois utilisées comme des modèles de comportement qu'on imite, qu'on copie ou qu'on applique. Le discours y remplace le dialogue et une écoute plus passsive permet une attention plus lâche qui s'en remet à l'ouï-dire. Ces deux modes de vie se distinguent  comme le code civil du code pénal et les gens qui utilisent un mode de vie n'utilisent guère l'autre, car les membres d'une de ces sociétés ne comprennent pas ceux de l'autre qui ne supportent pas les premiers  et les deux sociétés vivent séparément.

Néammoins, comme il faut que les uns crèent les lois ou les méthodes que les autres appliqueront, il y a  quelques relations fonctionnelles, mais c'est surtout le mélange qui fait obstacle à la séparation des deux modes de vie. Le mélange par l'école et par la caserne voulait d'abord éradiquer les divisions des ordres de l'ancien régime, mais depuis le développement des entreprises et du salariat a fait ressortir des critères de séparation liés au contacts et notamment aux relations de travail. De même qu'on ne peut pas jouer aux échecs avec un joueur de football qui shoote dans les pièces, on ne peut pas travailler ensemble si on n'applique pas les mêmes règles. C'est une exigence absolue, et c'est pourquoi il et si difficile de changer les habitudes.

Cependant la séparation des hommes libres et des esclaves, qu'impose le division du travail, peut être mentalement corrigée si les uns et les autres ont le sentiment de poursuivre un but commun. C'est ce que tente de faire la religion au sens étymologique de religare (relier). La religion de la démocratie vise à relier mentalement entre eux les hommes libres et les esclaves séparés par la division du travail comme la religion chrétienne sous l'ancien régime visait à relier mentalement entre eux les gens qui étaient séparés par des ordres du clergé, de la noblesse et du tiers état. Mais quand les gens entrent en religion pour se séparer du reste de la société, la religion a été utilisée de manière à produire l'effet contraire. On peut y voir un anachronisme religieux.
C'est précisément l'observation des anachronismes qui permet le mieux de comprendre l'émergence des problèmes et de les voir venir. Quand le jeu s'étiole, c'est que la règle est désuète. Le fonctionnement républicain avec une assemblée générale qui correspond au parlement et un conseil d'administration au gouvernement n'est pas adapté à la vie d'une entreprise. Le paternalisme avait été honni et proscrit parce qu'il rappelait l'ancien régime, mais une autre forme de paternalisme, plus inspirée des droits de l'homme que des préceptes de la religion catholique, parait s'imposer par la force des choses. L'éducation nationale, les diplômes, et les communautés d'anciens élèves de grandes écoles, sont tout aussi anachroniques, et le développement de ce qu'on appelle "les sciences de l'homme", témoigne de tâtonnements à la recherche d'une formule qui facilité la vie de société. Peu à peu, le droit au travail fait place au droit au revenu. Les institutions qu'on bousculait parce qu'elles étaient figées, paraissent aujourd'hui devenir plutôt un mal nécessaire qu'un réel obstacle au progrès. Ce sont plutôt les mentalités qui bloquent, et après l'éducation nationale mise en cause notamment en 1968, cela pourrait bientôt être le tour des médias. De même que la télévision avait pris la place de la presse écrite, internet devrait prendre la place des médias, et cela peut être un ferment de libération. Tout est en place pour que çà fonctionne, et ce sont seulement des habitudes de vie qui y font obstacle.

Mais ces habitudes de vie sont précisément celles qui distinguent la vie de troupeau de la vie des hommes libres et, à cet égard, l'invention d'internet peut être comparée. à celle de l'imprimerie. A l'époque où la religion était troublée, on appelait protestants les gens qui savaient lire, tandis que les catholiques, encore quelquefois aujourd'hui, pensent que lire est presque un péché. Et même si on parle de "religion du livre" pour amalgamer tout ce qui a une référence à la Bible, cela ne fait qu'accuser la différence entre ceux qui lisent et écrivent, ceux qui lisent sans écrire (doctus cum libro), et ceux qui les écoutent sans se reporter aux textes.

Néammoins, la distinction des hommes llibres et des esclaves ne peut venir au premier plan qu'en éclipsant d'autres oppositions (droite-gauche, riches-pauvres, etc...), et ne prend d'importance que par les circonstances. Le déficit intellectuel et la dépravation morale que je confonds ici, en utilisant le symptôme de "la case qui manque" peuvent se distinguer si on fait intervenir les qualités de coeur. Je suis bien incapable de dire avec précision ce que çà signifie, et si je m'y essayais, je serais à peu près sûr de ne pas être compris, car je serais obligé de me référer aux interprétations que l'on a fait de Théocrite au cours des siècles. Contentons nous du "Rivage des Syrtes".
Et comme il vaut mieux lire et relire cet admirable roman que d'en entendre parler, je n'en dirai rien ici.

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  • Croire comprendre est seulement avoir l'impression de reconnaitre quelque chose de déjà connu, tandis que déclarer ne pas comprendre indique qu'on a essayé de comprendre et mérite que j'explique.
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