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10 janvier 2007

La rupture

Ce terme de rupture qu'on voit apparaitre, et qui cause un certain trouble, me fait penser à cette expression de "français à part entière" (à part, en tiers), qui avait eu son succès à la fin de la guerre d'Algérie, et à toute une série d'expressions de la même famille, comme le deuil sur lequel, à la suite de  Freud, on a dit tant de bêtises comme le fait justement remarquer Allouch.
Dans tous les cas, il ne s'agit nullement d'un défaut d'expression qu'il faudrait corriger pour éviter son ambiguité, mais, au contraire, de la désignation d'un ensemble innommable faute de nom, et qu'on ne peut nommer qu'en énumérant les éléments qui le forment. Je+tu+il forment nous sans que ce nous ait de nom, car il ne s'agit pas d'une chose, mais d'un jeu qui nous fait vivre et qui ne pourra être nommé que quand il sera mort et qu'on en parlera au passé.
Un jeu vivant, çà se remue en brassant les éléments qui le constituent, et quand ces éléments cessent d'être brassés, ils restent inertes et forment un tas. Mais quand les éléments sont brassés, le remue-ménage manifeste des tensions et les gens "à qui il manque une case" ne supportent pas la tension d'esprit que nécessite l'intégration mentale de tous les éléments en jeu.
En réalité la prétendue "rupture" dont le nom a été soufflé par quelque publicitaire à l'agité bête et méchant qui se prend pour Hitler, correspond, comme pour Hitler à cette idée d'espace vital qui animait Mein Kampf. Un peintre médiocre qui n'arrive pas à se faire reconnaître en tant qu'artiste, cherche à produire une dilatation de son espace vital et sa maladresse transparait dans une forme d'action qu'on appelle encore politique mais qu'il vaudrait mieux appeler médiatique car il utilise des hurleurs pour remplir l'air de proférations et se donner le sentiment que son espace est dilaté. Il ne convient même pas d'examiner ce qui se passera ensuite car cela ne permet pas de comprendre: dire qu'Hitler ou Sarkozy ont de l'ambition n'est qu'une interprétation faite par des observateurs qui s'imaginent qu'ils se mettent dans leur peau mais ne les voient que de loin, à un moment où ceux-là vivent dans le mouvement, voire dans l'agitation dont la suite imaginaire n'est qu'un prétexte à entrâiner les autres pour créer du mouvement autour d'eux. C'est une bulle tourbillonnate qui se meut comme un essaim. Pour la voir comme cela, il ne faut pas être dedans, mais pour comprendre les gens qui s'agitent là-dedans, il faut y être. C'est l'histoire de Freud qui n'entendait pas que "l'homme aux loups" lui disait "meute", et entendait "loup" parce qu'il était enfermé dans la perspective individualiste.,
Une vieille dame de mon immeuble, paisible, mais peut-être un peu seule me disait qu'elle allait à l'UMP et y trouvait beaucup de satisfactions car son espace vital se dilatait dans le rêve accompagné, tandis qu'à un autre moment, passant dans le quartier où un ami sculpteur avait son atelier, celui-ci insistait pour me montrer que la première qualité de sa sculpture était de remplir l'espace. Certains, comme Vigny, disent que la nature est vide parce qu'elle est ingrate, tandis que d'autres, qui ont l'esprit cosmique ont pensé que la nature avait horreur du vide, mais les uns et les autres pensent qu'un égoïste est quelqu'un qui ne s'intéresse pas à eux.
Il est parfaitement compréhensible que les gens "à qui il manque une case" soient égoïstes. Mais on ne peut le leur faire entendre qu'en écartant, non pas une à une, mais toutes ensemble, les combinaisons mentales qu'ils élaborent à partir d'eux et on ne sait le faire qu'en invoquant Dieu. C'est ce que fait le hezbollah et c'est pourquoi il est forcément gagnant. Il faut que les individualistes se trouvent plongés dans une société où tout le monde invoque Dieu pour qu'ils en viennent à admettre qu'il y a quelque chose dont on leur parle et qu'ils ne voient pas, qu'ils ne comprennent pas, et dont il est question dans les propos qu'échangent les gens autour d'eux.
Alors, et seulement alors, ils ne cesseront peut-être pas d'être égoïstes, mais ils sauront qu'il leur manque une case. Cela peut se figurer de façon très simple mais suffisante pour donner la notion du phénomène. La perspective individualiste permet de construire mentalement des réseaux de relations rayonnant en étoile entre un individu et plusieurs d'autres, de les comparer entre elles, de les combiner, de les enchaîner, mais toujours sur le mode miratoire et ne saisit pas la relation transversale au moins au premier chef, et pour évacuer la prépondérance de l'élément miratoire, il faut faire abstraction des invidus et des joueurs pour considérer le jeu comme une entité où tous les joueurs appliquent la même règle: jeu de la guerre, jeu de l'unanimité; jeu de l'identité, jeu de l'émulation, jeu de la mathématique, etc...
Et cela parait naturel et aller de soi si on voit autour de soi des enseignements différents et contradictoires. Cela fera peut-être horreur aux individualistes, mais en avoir horreur indique qu'on sait au moins que çà existe. Par exemple, un jour que j'entendais un groupe de psychanalystes jouer au jeu de l'unanimité sur le dos de cruautés qu'ils évoquaient en commun, je leur ai demandé s'ils avaient visité des abattoirs car il y en a dans toutes les villes, il y a des gens qui y travaillent, tout le monde va chez un boucher, et si on peut très bien admettre qu'il y a des gens à qui cela déplait, c'est toute autre chose que de ne pas considérer que çà existe pour se construire en imagination un monde où cela n'existerait pas.

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  • Croire comprendre est seulement avoir l'impression de reconnaitre quelque chose de déjà connu, tandis que déclarer ne pas comprendre indique qu'on a essayé de comprendre et mérite que j'explique.
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