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19 avril 2007

L'orientation

C'est une excellente chose que les français ne sachent pour qui voter et qu'enfin on le dise, parce que c'est littéralement se foutre du monde que de demander aux gens de chosir un candidat qu'ils ne connaissent pas pour un emploi dont ils n'ont pas la moindre notion. Il y a mieux à faire que de jouer à la loterie Il vaudrait mieux abolir la loterie nationale comme Mitterand avait promis de le faire sans tenir sa promesse que de faire _lection_pr_sidentielledu concierge le gros lot.

Quand un secrétaire d'état américain vient voir le directeur d'une banque française pour lui dire de ne pas investir en Iran, c'est :
- d'abord parce qu'il peut répondre du contre-coup si la banque française transgresse ses recommandations, donc qu'il a une influence sur l'orientation des fonds de placement américains.
- mais c'est aussi parce que son prétendu correspondant français ne lui correspond pas, et que si le banquier français téléphone au quai d'Orsay, il y trouve un con nul entouré de cons nuls.

Ce n'est pas, comme un vain peuple le pense, le pot de terre contre le pot de fer, mais un réseau articulé contre un système rigide. Et qu'est-ce qui rend un système social rigide? C'est la privation du sens de l'orientation.

L'orientation qui prime sur toutes les autres consiste à choisir entre le monde des esclaves qui obéissent et celui des hommes libres sur qui on peut compter. Pour les premiers, la parole est une vérité révélée qui se transmet des uns aux autres comme on se transmet la consigne, tandis que pour les seconds, elle scelle des pactes.
Pour un individu, le problème de l'orientation est une forme particulière du problème de la liberté et ne prend corps que par rapport à une entrave. Le prisonnier, privé de liberté, cherche une issue pour s'évader. celui qui est désorienté cherche des repères pour pouvoir se diriger. On ne peut pas dissocier la conscience du problème, de la conscience de l'obstacle, mais la conscience d'un obstacle peut venir soit de ce qu'il surgit, soit de ce qu'on prend conscience d'un obstacle qu'on ne voyait pas, voire d'un obstacle qui ne se manifeste pas encore, car le problème d'orientation prend de l'importance si l'orientation qu'on prend est irréversible. Tout cela se mêle de façon à ajouter au sentiment de confusion qui soulève le problème de s'orienter. Cette confusion est le fond du problème, et il est radicalement impossible de faire participer aux mêmes conversations des hommes libres et des esclaves parce que l'orientation n'a pas le même signification pour les premiers qui cherchent à s'informer, et pour les autres qui parlent sans rien dire, pour ne rien dire et pour ne rien entendre dire. L'orientation consiste avant tout à choisir dans quelle société on se met.

Chacun s'oriente à sa façon et nul ne sait réellement comment il s'y prend. L'instinct y a une grande part, et c'est souvent la meilleure. Mais la raison y prend part aussi et désoriente en sorte que la nature et la culture peuvent entrer en conflit et  que la direction et même le sens du mouvement sont affectés par ce conflit. C'est alors que se pose un problème d'orientation.
- quand on est porté, on cherche à être bien, à se caler confortablement, sans s'occuper d'où on va. 
- quand on est conduit, on s'occupe de ne pas perdre le guide de vue, et on contrôle son rang dans lacourse course, sans s'occuper de la destination finale, ni même de la directon dans laquelle on va. Si on est le premier, c'est très bien.
- quand il s'agit de s'orienter, c'est-dire quand le problème qu'on rencontre prend le nom de problème d'orientation, c'est qu'il se produit un renversement général des données dans la conscience. Tout ce qui était ordonné en fonction d'un but se remet en désordre quand le but est atteint, et le point d'arrivée se transforme en point de départ. Simultanément, on s'aperçoit, en général, que ce point d'arrivée ne correspond pas du tout à l'idée qu'on pouvait s'en faire quand on s'était fixé un but, et cet examen rétrospectif peut conduire à chercher un meilleur contrôle du mouvement en écartant l'idée de but et de course, et à s'orienter autrement.

Deux exemples :

a - Gide a écrit dans Voyage au Congo: "En général, le «pourquoi" n’est pas compris des indigènes ; et même je doute si quelque mot équivalent existe dans la plupart de leurs idiomes. Déjà j’avais pu constater, au cours du procès de Brazzaville, qu’à la question : «Pourquoi ces gens ont-ils déserté leurs villages ?», il était invariablement répondu «comment, de quelle manière...» Il semble que les cerveaux de ces gens soient incapables d’établir un rapport de cause à effet  (et ceci, j’ai pu le constater maintes fois dans la suite de ce voyage)".
Cette remarque se retourne contre lui tant il est évident que couramment, en France comme ailleurs, la question qui porte sur "pour" (pourquoi ?) entraine une réponse qui porte sur "par" (par ce que) indiquant par quel moyen. Celui qui répond ainsi corrige le défaut de celui qui l'interroge en lui indiquant qu'il n'a rien à lui transmettre du "pour", et que ce qu'on appelle le but n'est pas pris en considération par lui comme un facteur déterminant.

b - Réciproquement quelqu'un qui ferait un voyage en France pourrait s'étonner de voir les indigènes parler de couper le cordon ombilical, de révolte contre le père et de divorce. En voyant qu'ils se font des ennemis de leurs proches et les fuient. Il pourait leur demander pourquoi et s'étonner qu'ils ne donnent pas de raison à cela.Delacroix
Est-ce qu'ils n'ont pas été stupidifiés à l'éducation nationale pour servir d'esclavemichels dociles?
Il ne s'agit pas d'esquiver la question en minaudant mais de répondre à la question par oui ou par non. Car il n'est pas très important qu'un emploi de concierge qui pourrait être supprimé soit occupé par un pantin plutôt que par un autre. Il est beaucoup plus important que les gens comprennent qu'en leur demandant de voter pour un président après leur avoir imposé le bac, on continue à les prendre pour des pantins, et que,  si Sarkozy était élu, il faudrait choisir immédatement entre l'obéissance passive à la désobéissance active, comme sous Napoléon 3.

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  • Croire comprendre est seulement avoir l'impression de reconnaitre quelque chose de déjà connu, tandis que déclarer ne pas comprendre indique qu'on a essayé de comprendre et mérite que j'explique.
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