Vers le seize Mai ?

L'insolence d'un candidat à la présidence de la république qui prétend utiliser un programme pour se faire élire et l'appliquer ensuite est intégralement un projet de dictature. Si le procédé a permis l'élection, il n'est pas pour autant réalisable, et les ridicules pétouillades des éléphants du parti socaliste, qui proposaient un autre programme pour exercer une autre dictature ont été rabattues de caquet à l'intérieur du parti socialiste par les militants qui ont imposé la candidature d'une présidente. L'enjeu de l'élection a donc été celui de choisir entre un dictateur et une présidente. Cela était nouveau, ce qui a surpris et même pris de court.
Pour l'instant, ce qui est gagné, c'est d'avoir dissipé l'hypocrisie d'une navigation qui pataugeait dans le malentendu, mais qui, aussi, protégeait la paix civile. La question de la paix civile a bien été évoquée, mais pas du tout à la manière dont on aborde le problème après une guerre civile pour rétablir la paix civile. La question n'a été évoquée que pour être écartée: dans le programme Sarkozy, il n'y a pas à en tenir compte, c'est un faux problème, on le traite par dessous la jambe parce qu'il n'y a rien à craindre qu'on ne puisse résoudre avec des dispositions toutes simples. Dans la même ligne, les élections législatives devraient être abordées par Sarkozy dans le même esprit. Pour les jeunes, des flics; pour les députés, des prébendes, car il ne doit y avoir que des craintifs et des vendus.
L'obstacle est donc dans les mouvements Bayrou et Emmanuelli, s'ils réussissent à réunir des non-craintifs non-vendus et à la faire hautement savoir aux électeurs. Ségolène peut les appuyer en matant les éléphants.Il ne s'agit ni d'opposer une dictature à une autre dictature à la manière Hollande, ni d'opposer des réseaux de combines à des réseaux de combines à la manière de Fabius Strauss-Kahn ou de Raffarin de Villepin. Tous ces gens-là sont non seulement hors-jeu, et à côté du problème, ils sont également obsolescents et désuets. Il ne s'agit plus d'évoquer des Jaurès ou des de Gaulle, comme on revêt un costume d'acteur; il s'agit pour Mr Emmanuelli ou Mr Bayrou de s'entourer de vrais costauds, pas forcément d'accord avec eux, mais consistants comme ils le sont.
Ensuite, s'ils réussissent, le tamponnage pourra se produire entre l'assemblée et le dictateur comme c'est le cas aux Etats-Unis aujourd'hui, mais aussi, souvent en France, notamment le seize Mai. Il s'agit, selon l'expression de Gambetta,de "nouvelles couches".