carte scolaire
Si dans un pays neuf, il y a des choses à faire, en France, il y a des choses à défaire. Mais dans l'organisation tout est lié et on ne peut pas prendre un parti global. La table rase de Descartes ou de la Révolution ont été expérimentées, et on sait qu'elles comportent des risques énormes. Peu à peu, on est arrivé à concevoir ces démarches systématiques comme utopiques et vaines. La dernière mouture de ce fantasme était la constitution européenne fondée sur l'idée qu'on pouvait construire un système puisque rien n'était fait et tout à faire. Un cafouillage éclatant d'imbécilité a été rejeté avec mépris par le bon sens qui reste chez les gens d'aplomb. Rien n'avait été pré-vu, tout avait été imaginé et c'est tombé dans l'eau comme Icare.
Le mal français était vu en partie et la décentralisation à gauche, la libéralisation à droite, indiquaient que les politiques l'avaient bien localisé dans la folie des parisiens. La mégalomanie se manifeste partout par la démesure et prend forme dans la volonté de faire la loi . Seulement les manifestations visibles de cette démesure sont les effets d'une folie mégalomane qui n'est pas naturelle mais inculquée par l'éducation nationale où les enfants sont dressés à travailler seul, à entrer en rivalité, à faire la course pour être premier avec promesse de devenir important, de commander, d'être en vue. Pour organiser la course, on invente des épreuves ridicules qui n'ont d'autre objet que de lancer la course. Tant qu'on n'anéantit pas cela, on est voué à en subir les effets.
La suppression de la carte scolaire doit être le premier pas vers une liberté de l'enseignement qui permette de faire équipe, de s'orienter plutôt que de faire la course et que de se mettre en avant.
Ce serait déjà mieux que la décentralisation ou le libéralisme, mais ensuite il faudrait en venir à la familiarisation de l'enseignement, car rien n'est plus anachronique que de confier l'enseignement à l'état national pour faire une éducation nationale. Cela impose aux enfants une turbo-vie artificielle, cruelle et inutile. Si on enlève les verrous, on découvrira des milliers de possibilités fécondes beaucoup plus proches, qu'on peut mettre en oeuvre sans grandes difficultés.