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30 septembre 2006

Campanarde présidente et campagne présidentielle

Tout travail sérieux rapproche les points de vue des gens qui s'y mettent. De même que plusieurs médecins examinant le même malade feront le même diagnostic et prescriront le même traitement, dés qu'une fonction est utile, la connaissance de la situation par l'étude des dossiers détermine les mesures à prendre.
Mais il existe aussi des fonctions sans utilité réelle qui jouent un rôle symbolique comme quand on cherche une baderne pour avoir un président qui salue et qu'on salue pour que chacun puisse faire son salut dans le "symbolique" (c'est-à-dire le droit divin) en ne faisant jamais le jour même ce qui sera fait le lendemain par un autre.

Si on reste enfermé dans une perspective individualiste, on ne discerne pas la différence, mais si on considère les rapports des individus avec leur entourage, on remarque que la séparation entre les courtisans qui paradent et les bourgeois qui travaillent, fortement installée par Louis XIV, reste très marquée en France. Cette séparation a posé un problème politique majeur et suscité la Révolution française qui a marqué profondément la vie de société en France et dans le monde. Mais après la parabole de Saint Simon, le dogme actuel du plein emploi qui prétend faire travailler les bons à rien n'aboutit qu'à baptiser du nom de travail des activités nuisibles et des postures stériles qui, ne trouvant pas de justifications physiques, recourent à des justifications métaphysiques, en réalité identitaires.

Ces deux conceptions de la fonction sont reliées entre elles par le fait que l'une crèe le problème que l'autre résout; il faut commettre une erreur pour pouvoir la réparer et il faut  se disputer pour pouvoir se réconcilier. On peut donc imaginer qu'on se lasse de ce mode de vie et préfère des modes de vie plus constructifs. Alors, on n'entre pas dans le jeu, ce qui n'empêche pas de rester spectateur d'une élection présidentielle qui met en scène la fable de La Fontaine sur les grenouilles qui demandent un roi.

1 - Nicolas Sarkozy et Adolf Hitler ont en commun une démence flagrante qui les fait entrer en transes au milieu d'un discours et proférer des inepsies. Mais ils ne jouent pas le même personnage. Hitler était un symbole nationnaliste et socialiste, c'est-à-dire qu'il jouait un rôle soudé au peuple allemand, et quand il prenait les biens et les gens dans les pays conquis, c'était au profit des allemands. C'est même en poussant trop loin cette identification qu'il était sorti des bornes. Sarkozy, au contraire joue le rôle du traître et la trahison qu'il appelle rupture exige un degré de plus de magie et d'aveuglement. L'exemple qu'il donne du sans-gêne ne fonctionne que sur les adolescents qui ont des boutons ou tant que la pensée magique reste liée au rite électoral. Mais le sentiment de surpuissance que les gens attribuent au dépôt d'un bulletin dans une urne ou à l'avalement d'une hostie est des plus précaires et ne se soutient que d'un environnement impressionnant qui obstrue la pensée réfléchie dont le dialogue est le support naturel. A moins d'un coup de théâtre tel qu'un attentat spectaculaire au dernier moment, ou d'une falsification des urnes, le personnage du traître n'est que le pendant du héro qu'il trahit, et à la fin de la représentation, le public ne s'identifie ni à Ganelon dans la Chanson de Roland, ni à Iago dans Othello, ni à Narcisse dans Britannicus.

2 - Françoise Giroud a raconté comment elle avait assisté au conseil des ministres, Valéry Giscard tenant le rôle du président et Jacques Chirac dans celui du premier ministre:
"Un jour où j'avais atteint le seuil d'intolérance, et où il semblait que Jacques Chirac, au comble de son agitation naturelle allait, de ses grandes mains et de ses grands pieds, soulever la table tel un squale furieux, j'ai griffoné un mot à l'intention d'Alice Saunier Seité qui assistait, pour la première fois au Conseil.
"Chère Alice, vous doutiez-vous qu'un Conseil des ministres peut être aussi ennuyeux ?"
Elle m'a répondu en retour :
"Chère Françoise, oui, car j'ai toujours constaté l'insondable puérilité du sexe masculin."

On devrait partir de là, mais il reste à justifier les frais de fonctionnement, et Françoise Giroud continue : "Vient devant le conseil l'affaire du "sentier douanier". C'est le nom que porte le chemin qui devrait longer le littoral et permettre à tous, fût-ce en traversant des propriétés privées, de marcher au bord de la mer.
C'est une revendication qui a incontestablement un écho populaire et, de ce côté-là, Jacques Chirac a l'oreille fine. La question se pose de savoir s'il faut l'imposer aux propriétaires de terrains situés sur le littoral et les indemniser puisque quelques mètres carrés leur seront soustraits au profit de la communauté.
"Nous devrions, plaide Jacques Chirac, avoir le courage de dire que la promenande le long du littorral est à tout le monde."
Quelques avis contraires s'expriment.
"Je me demande, dit Jacques Chirac, si la majorité n'est pas un peu conservatrice."
Rires, que le regard, noir comme il peut être, du président de la République, éteint rapidement.
"Vous voulez faire en somme un boulevard périphérique nautique pour une population qui, d'ailleurs, refuse de marcher à pied... Cette extravagance démagogique est au niveau intellectuel de la région de programme de (ici le nom d'un territoire lointain)."

Regarder les choses de cet oeil amusé et les gens en vue comme des acteurs qui jouent un rôle permet de goûter le jeu et d'en prendre le meilleur. Dans les interviews où elle joue le rôle de Jésus au milieu des docteurs, Ségolène Royal articule à fond sans tomber dans la grimace de Chirac et sait donner le la et le tempo qui ridiculise et discrédite les journalistes acrimonieux, bousculés, énervés et énervants, sans s'énerver. Elle le fait mieux que Chirac et même mieux que Mitterand.
Mais si on finit par interner Sarkozy, elle aura peut-être à affronter Cecilia...ou Chirac ?

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  • Croire comprendre est seulement avoir l'impression de reconnaitre quelque chose de déjà connu, tandis que déclarer ne pas comprendre indique qu'on a essayé de comprendre et mérite que j'explique.
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