Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
conversation
4 décembre 2006

La langue

Quand on regarde les choses de très loin, on juge des qualités et des défauts d'une langue en la comparant à d'autres langues et traite la langue comme un outil qu'on prend au magasin.
Mais en regardant les choses de si loin, on s'en sépare et s'égare complètement. Pour saisir la langue dans sa réalité et en comprendre l'importance, il faut considérer son usage.
Quand du Bellay ou Céline déclaraient qu'il fallait augmenter les capacités de l'outil, on ne les entendait que d'une oreille parce qu'on utilise la langue qu'on a, sans s'enquérir de ce qu'elle pourrait devenir. Et pourtant on se plaint des enfants qui ne savent pas lire en entrant en sixième et sait que les médias ou la publicité abusent le public.

Quand la langue ne fonctionne pas, les gens s'adressent à Dieu pour prier sans parler en supposant qu'il "lit dans leur coeur", ou à des intercesseurs "supposés savoir".
Ce témoignage d'impuissance se retrouve dans la confession, structurée avec un "examen de conscience" soumis à un "directeur de conscience", aujourd'hui remplacés par des psys que les gens consultent par savoir ce qu'ils sont, ce qu'ils veulent, ce qu'ils disent. Leurs pulsions faisaient l'objet de l'étude de Freud, mais Lacan a eu raison de détourner l'attention des pulsions confuses pour l'attirer vers la langage.

Ou bien il fonctionne, ou bien il ne fonctionne pas. Partons de l'idée qu'il fonctionne, et qu'on le veut ainsi, comme l'explique Baudelaire à propos de Théophile Gautier: "la sévère maxime qu'il avait une fois laissée tomber devant moi dans la conversation, et dont il s'est fait sans doute un constant devoir: "Tout homme qu'une idée, si subtile et si imprévue qu'on la suppose, prend en défaut, n'est pas un écrivain. L'inexprimable n'existe pas." 
Mais pour que çà fonctionne dans les deux sens, il faut aussi un lecteur qui sache lire, et pour commencer il faut qu'il ait l'idée d'un "savoir lire" à ne pas confondre avec une manière de faire semblant, par exemple en séparant la forme du fond, et finir par remplacer un texte par un autre, celui-ci de son cru, qu'on donne comme une explication du précédent. Cet usage pédant de la langue a pris forme de religion car la démocratie est une religion dont l'élection est un office. Il ne faut pas s'y méprendre car la séparation de l'église et de l'état, toujours nécessaire, se produit entre ceux qui étudient les dossiers et connaissent les questions et ceux qu ne le font pas, et parlent de ce qu'ils ne connaissent pas en appliquant des principes.
Quand le fonctionnement de la langue est réciproque, il est un attribut de la relation, mais quand Wittgenstein, enfermé dans la logique, déclare d'abord que ce qu'on ne peut pas dire, il faut le taire, et ensuite qu'il n'y a pas de langage privé, il met à jour ce symptôme d'impuissance que signalait Théophile Gautier.
La propagation d'une religion tend à empêcher les gens de parler. L'enseignement coupe les jambes, les bras et la langue des enfants pour leur ouvrir les oreilles et leur inculquer ainsi des discours qu'ils répètent. Cela procède de l'idée simplette qu'en les empêchant de dire ce qu'ils pensent, ils penseront ce qu'on leur fait dire, mais aussi de la rouerie qui consiste à les empêcher de parler de ce qui les intéresse pour les obliger à s'intéreser à ce qu'on leur dit. L'esclavage des salariés en procède directement car on n'a jamais pu obliger quiconque à faire quoi que ce soit mais seulement l'empêcher de faire autre chose que ce qu'on veut qu'il fasse. La prostitution de la parole dont l'enseignant donne l'exemple conduit à la prostitution de l'action qu'on nomme pudiquement aliénation du travail. Et les "souteneurs" de cette prostitution, pudiquement masqués en "supporters", s'insinuent dan les matchs de football aussi bien que dans les élections françaises dont l'enjeu se précise peu à peu. Au fur et à mesure que les ingérences des spectateurs transformés en supporters se manifestent, les souteneurs se démasquent; on s'aperçoit que le nom qu'ils se donnent n'est pas français et leur ingérence dans les matchs focalise l'enjeu sur l'ingérence elle-même. C'est des ingérences américaine et du lobby juif qu'il s'agit. Comme dans le combat des Horaces et des Curiaces, Ségolène Royal a défait 2 juifs, mais reste encombrée de Julien Dray. Ce n'est que le premier temps de l'affaire. Il reste à se défaire de Sarkozy. Qui y parviendra? Ségolène Royal, Le Pen, Bayrou, Chirac, Alliot-Marie? En s'y mettant tous, ils devraient y arriveront peut-être, mais ce n'est plus la problématique du combat des Horaces et des Curiaces, c'est celle des grenouilles qui demandent un roi. Ensuite, ce sera une autre problématique.
Mais quelque chose est déjà acquis: les prétendus liens de famille entre François Hollande et Ségolène Royal, ou de famille politique entre Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy sont visiblement distendus et les invoquer tourne au ridicule dans des scènes de ménage où il est question de rupture. Les machinerie du parti socialiste et de l'UMP sont maintenant plus discréditées que l'état français. Celui-ci peut s'affermir en les matant. Cela pourrait être le scénario qui suivra l'élection présidentielle, sans attendre les législatives.
Car changer la langue en usage peut se faire immédiatement. Il suffit d'abandonner la langue de bois et de dire posément ce qu'on sait et ce qu'on fait. Les gens entendent, et, privés de leurs confettis, les médias s'effritent ou se rangent.

Publicité
Publicité
Commentaires
conversation
  • Croire comprendre est seulement avoir l'impression de reconnaitre quelque chose de déjà connu, tandis que déclarer ne pas comprendre indique qu'on a essayé de comprendre et mérite que j'explique.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
7 abonnés
Archives
Publicité